Je suis un grand amateur du cinéma d'Yves Boisset, mais le bougre n'a pas tourné que des bons films, y compris dans sa meilleure période (une petite quinzaine d'années à partir de 1970).
Pour preuve, ce "Folle à tuer", adaptation d'un roman policier de Jean-Patrick Manchette, qui se révèle ennuyeux et sans grand intérêt.
On suit les mésaventures d'une jeune femme (Marlène Jobert) qui sort d'un internement psychiatrique de plusieurs années, embauchée comme gouvernante par un homme très riche pour s'occuper du jeune fils de son frère, décédé récemment.
Sans trop spoiler, disons qu'il s'agit assez vite d'une affaire de kidnapping, inscrivant "Folle à tuer" dans le genre thriller, avec poursuites, coups de feu et rebondissements plus ou moins inattendus.
Sur cet aspect, Boisset fait preuve d'une rare mollesse dans sa mise en scène, quand on attendrait quelque chose de nerveux pour se sentir un minimum embarqué. On note aussi un usage très visible de mannequins lors des scènes de chutes, illustration d'une certaine maladresse générale.
Si le scénario volontiers manipulateur n'est pas plus mauvais qu'un autre, avec ses quelques bouffées de violence bienvenues, en particulier lorsque le gamin est molesté, on peine pourtant à s'intéresser à cette histoire, la faute à son rythme défaillant, à ses invraisemblances, et à une interprétation sans génie de l'ensemble du casting - en particulier de la part des têtes d'affiche, comme le cubain d'Hollywood Tomas Millian, inconnu en France et dont le doublage écorche une réplique sur deux.
Seul Michael Lonsdale tire vraiment son épingle du jeu, au contraire d'une Marlène Jobert peu inspirée, d'un Jean Bouise au rôle trop effacé, et d'un Victor Lanoux qui hérite d'un personnage assez mal écrit.
Si la dimension thriller s'avère ratée, il reste heureusement le discours "politique" sous-jacent, plus discret que d'habitude pour un film de Boisset, mais néanmoins intéressant.
Grosso modo : les plus fous ne sont pas ceux qu'on croit. Le propos est un peu abrupt, mais non dénué de pertinence dans la société française encore très conservatrice de 1975.