Cette fois, plus de doute, le cinéma d'Edgar Wright, quelles que soient ses qualités objectives, n'est définitivement pas pour moi. D'ailleurs je le pressentais déjà fortement (seul "Hot Fuzz" m'ayant emballé jusqu'à présent), et je ne m'étais réfugié dans la salle de "Baby Driver" que pour échapper à la chaleur assommante d'une fin d'après-midi caniculaire.
Assommé, je l'étais toujours à l'issue du sixième long-métrage du britannique (le premier à Hollywood), cette fois-ci par les excès narratifs et formels d'un film frénétique qui joue la carte du fun et du cool avec une insistance épuisante.
Certes, Edgar Wright est loin d'être manchot avec une caméra, mais ses talents de réalisateur sont mis au service d'une intrigue totalement invraisemblable (admettons, certains font ça très bien), de situations artificielles et de personnages sans épaisseur.
C'est sans doute une question de génération, mais "Baby Driver", à mes yeux, c'est un peu du cinéma de puceau : qui d'autre pourrait s'identifier à ce héros mièvre et propret (Ansel Elgort), bon garçon aux petits soins pour son vieux tuteur black, sourd & muet (attention, pathos inside), mais affrontant chaque soir la crème de la pègre, grâce à ses capacités exceptionnelles de pilote. Sérieusement?
Alors OK, chercher de la vraisemblance dans ce type de cinéma ludique et décomplexé, c'est sans doute hors de propos.
Mais autant je peux kiffer par exemple des films tels que "True Romance" ou "Only God Forgives", qui ne sont pas non plus des sommets de vraisemblance, autant chez Wright ça me bloque pour véritablement profiter du reste.
Car "Baby Driver" dispose d'indéniables atouts, à commencer par cette idée de playlist permanente : le jeune héros, handicapé par des acouphènes suite à un accident, vit en effet chaque journée au rythme de sa bande-son personnelle.
Jouant une fois de plus la carte du cool et des références, Edgar Wright nous propose une bande originale variée et bien sympathique (de T-Rex à Queen, en passant par les Beach Boys ou Barry White), illustration de ses goûts musicaux très sûrs.
On pourra également saluer le brio du réalisateur lors des séquences routières, son perfectionnisme formel, et sa capacité à réunir un joli casting (au sein duquel Jon Hamm et la bombe Eiza Gonzalez forment un couple réjouissant de Bonnie & Clyde 2.0)...
Mais malgré ces qualités qui déchaînent l'enthousiasme des spectateurs et offrent pour l'instant une moyenne indécente à "Baby Driver", je suis resté en dehors de ce délire régressif, davantage exténué que séduit par ce déluge d'effets visuels et de niaiserie assumée.