Mon admiration peut-elle prendre l'aspiration d'un rollercoaster estival dénué de toute volonté de véritablement surprendre d'un point de vue narratif, pourvu que l'oeuvre en question propose d'autres options à l'acheteur ? Pour répondre à cette question sans spoiler mais avec appui, le plus simple est de foncer pied au plancher en bas de page et d'observer la note, subtil mélange d'euphorie cinéphilique et de contexte géographique propice se concluant au photo-Finnish !


Ici, il aura suffi d'une course poursuite dantesque en guise d'introduction, et d'un plan séquence musical rythmé au millimètre (28 prises au total, il était temps) qui n'aurait pas juré dans un certain La La Land – dans lequel l'actrice principale était d'ailleurs initialement prévue au casting de ce Baby Driver en lieu et place de la pétillante Lily James (merci Edgar ou Emma ou qui que ce soit, car il s'avère que chacune d'elles est très bien là où elle est !). La première impression marquante, c'est le soin apporté dans l'utilisation du son et le choix des morceaux, au point de coller au coup de feu près à ce qu'il se passe à l'écran – ou bien est-ce l'action qui a été faite pour coller au mieux à la musique ? J'avoue que l'exécution est tellement un sans-faute du début à la fin qu'il est tout à fait légitime de se poser la question.


On savait déjà de Wright qu'il est cet excellent metteur en scène, fourmillant d'idées label "cool attitude", redoublant d'ingéniosité au moment de nous proposer son lot de séquences iconiques. A l'écriture il ne sera pas aidé de Pegg ici et cela se ressent hélas (on est loin de l'intelligence dans l'utilisation des codes de genre et du caractère souvent surprenant des événements d'un Hot Fuzz ou d'un World's End). Par chance, Edgar est le Prince de la cabriole (et du cabriolet, visiblement) et le spectateur avide de rythme effréné et de scènes soignées en aura pour son argent. Un projet de longue haleine pour son géniteur, à base de poursuites et cascades spectaculaires et parfois violentes, un recours à très peu de CGI, de la bonne musique, des acteurs (dont une paire d'Oscarisés) que l'on a au moins le mérite de sentir impliqués, on n'est pas loin du full options, si ?


Quand bien même notre Baby Ansel Elgort ne brille pas par son charisme au moment de se prendre pour "Baby Schumi" Vettel dans les rues - Manselles ? - ou même quand vient l'heure de lever la donzelle en Celic...ah non tiens, en Impreza (un modèle déjà aperçu dans Hot Fuzz), ça reste mignon, le duo a du couple. La malicieuse et chavirante Lily James fait une "Great Elle" qui nous ensorcelle et tendrement, en bonne complice de Wright, nous fait jeter les billets dans son escarcelle. Une aubaine, pour ce film portant le titre d'un morceau de Simon & Garfunkel ! S'en tenir à ce conte sous forme d'amourette entre Baby et Debora, un peu trop gentillette certes, mais qui n'a rien d'une bluette, serait un grimm de lèse-majesté, tant la situation va s'envenimer et le film partir dans un gros déluge d'action stylisée, tandis que nos tourtereaux s'engagent à tombeau ouvert dans une véritable "course pour fuite". Heureusement, avec le savoir-faire du papa de la trilogie Cornetto, cette fuite en avant du héros ne se transformera pas en fuite en navrant du métrage.


A défaut d'un héros ultime, Wright a eu la brillante idée de s'entourer d'une brochette de seconds rôles assez mémorables, d'un Kevin Spacey certes cachetonnant pour l'occasion mais valeur sûre néanmoins, à un Jamie Foxx cabotinant à coup de répliques torpillant tour à tour Barbra Streisand (une très bonne amie à lui dans la vie de tous les jours), Queen, voire le héros à la moindre occasion. Gros "kiff" de voir la bonne gueule de Jon Hamm ainsi que son charisme, compensant sans difficulté un manque de ce côté-là. Jon Bernthal déboule quelques minutes et fait le job en apportant le sien, tout comme Flea, un membre d'Outkast ou de Run The Jewels de ci de là et même oh surprise, Paul Williams ! (un casting qui décidément confirme l'ambition musicale du film)


Baby Driver ne dérive donc à aucun moment de sa voie, il est collé à la route tout comme j'ai été collé à mon siège deux heures durant, imperturbable même devant le double sous-titrage finnois/suédois. Un non-finlandais qui rallie le public à sa cause, bravo Edgar, en voilà une victoire super spéciale !

Gothic
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le 7 août 2017

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