Dans l’ensemble des pièces qui ont fait le succès de Jacqueline Maillan, Folle Amanda n’est pas la plus célèbre. Potiche est largement devant elle, me semble-t-il, mais celle-ci n’en est pas moins importante en réalité.


D’un peu plus de 10 ans devancière, Folle Amanda est aussi une jolie pièce sur une femme qui lutte pour trouver sa place. Mieux : elle a eu une place, elle a été vedette de music-hall et le temps a passé, la taille de guêpe est passée bourdon, quelques rides sont apparues. Le vedettariat s’est émoussé, les amours aussi. Quoiqu’il en soit, maintenant, Amanda ayant butiné et chanté tout l’été se retrouve à l’automne avec quelques déprimantes questions. Un come-back? La vie est-elle aussi belle qu’elle le chantait jadis?


Voilà Amanda, une femme toujours libre, mais seule, une célibataire avec ses doutes, ses angoisses, ses coups de blues de plus en plus sévères. Pierre Barillet et Jean-Pierre Grédy se penchent sur l’épaule d’une femme, comme dans Potiche, et interrogent la place de la femme dans la société. Surtout, la pièce montre bien, avec autant de bonne humeur que de mauvaise, combien elle peut être riche et mouvementée cette vie! Le portrait de femme que proposent les auteurs, par le talent et l’incarnation d’une grande comédienne bien entendu, ce portrait est parfois très touchant, malgré quelques temps morts ou digressions un peu longuettes.


Au temps de “Au théâtre ce soir”, le rythme de la télévision, du théâtre ou du cinéma n’était pas encore sous cocaïne et l’attention du spectateur était plus finement attachée au récit. Aujourd’hui, ce tempo peut par moments apparaître excessivement pépère, mais au fur et à mesure que la pièce avance, on peut se laisser aller à en apprécier la quiétude.


Il est évident que par le sujet et la façon dont les personnages sont mis en scène autour de celui de Jacqueline Maillan, la pièce repose pour l’essentiel sur les épaules de la comédienne qui semble en pleine forme. Elle marie avec une grande et émouvante justesse le rire et une certaine mélancolie, sans excès, sans verser sur la drama-queen. C’est très délicat, tendre, passionné pourtant.


Des comédiens qui l’entourent Daniel Ceccaldi est tout en finesse, élégance et longtemps il reste ambigu quant à ses réelles intentions, sur la sincérité des sentiments qu’il affiche. Il est évidemment un très grand comédiens français et j’ai beaucoup aimé le voir proposer ce genre de performance.


Jacques Jouanneau est un acteur un peu oublié, injustement. Sa voix rappellera de nombreux souvenirs aux quadras ou quinquas qui étaient en barboteuses dans les années 70/80 : il a fait beaucoup de doublage, notamment pour les dessins-animés. Et s’il est rare en fin de compte au ciné, son visage et sa voix sont fréquents à la télé de ces années-là. L’aspect nostalgique et affectif joue sans aucun doute son rôle dans ma joie à la retrouver ici, mais pas uniquement : il joue souvent les personnages retors, ronchons, voire très colériques (dans Potiche par exemple) et au final très attachant. Encore une fois il monte vite dans les aigus pour redescendre aussitôt avec ici un personnage très attendrissant.


Parmi les doubleurs célèbres, Jacques Dynam ayant beaucoup œuvré dans les dessins-animés se pose également là en maître. Par contre, sa carrière ciné est beaucoup plus fournie. Là encore, gros plaisir personnel à revoir sa bouille rondouillarde et à entendre la chaleur de sa grosse voix caverneuse. Son rôle est peut-être un peu moins étoffé que je l’espérais.


Celle qui joue la sœur d’Amanda m’est presque inconnue au faciès. Françoise Fleury a tout de même une voix de doubleuse (décidément, c’est un nid!), qui a travaillé aussi chez Disney. En miroir de celui de Jacqueline Maillan, son personnage peut paraître un faire-valoir. Il n’est pas des plus intéressants, je l’admets bien volontiers, mais je le trouve utile. Il assaisonne, sert d’exhausteur de Maillan, un bon poivre des familles (merde, je regarde trop Top Chef!)


Une agréable soirée que j’ai passée là, où la nostalgie bât à plein régime un rythme pas toujours foufou, une comédie pas trop poilante, mais dont la profondeur parfois peut étonner au tournant.
Captures et trombi

Alligator
6
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le 1 juin 2018

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