A Willets Point, dans le Queen (New York) se trouve une enclave que l’on croirait tout droit sorti d’un pays en voie de développement. Le dépaysement est tel, que l’on jurerait avoir quitté le sol américain (il n’y a aucun blanc et la principale langue est hispanique), pourtant on n’est qu’à 3 miles de l’aéroport de LaGuardia et à 10 miles de Manhattan.
Ce quartier qui ressemble à s’y méprendre à un pays du tiers-monde est voué à disparaître, en effet, il est prévu que Willets Point soit entièrement réaménagé (et que, par conséquence), l’ensemble des résidents et commençants soient expropriés. Ce projet à 3 milliards $ doit permettre à terme de voir sortir de terre 5 500 logements 90 000m² de bureaux, 150 000m² d’espaces commercial, un palais des congés, une école, un hôtel et un parc.
Sauf qu’en attendant, malgré la misère qui y règne, Willets Point est toujours debout et c’est un véritable microcosme qui permet à des milliers de personnes de subvenir à leurs besoins. Des casses automobiles et magasins de récupération (ou réparation) à perte de vue. Sur les 30 hectares voués à la démolition se trouvent 250 échoppes, un véritable garage à ciel ouvert qui, s’il ressemble à une décharge ("junkyard"), il n’en reste pas moins un endroit très ordonné où chacun sait ce qu’il a à faire. Verre, carrosserie, pneu, garagiste, pièces détachées, peinture, chaque corps de métier (lié à l’automobile) y est représenté, tout se recycle, rien ne se jette, chaque épave de voiture est soigneusement désossée pour être revendue en pièces détachées.
A travers Foreign Parts (2011), les réalisateurs John-Paul Sniadecki (Démolition - 2008) & Véréna Paravel (Caniba - 2018) mettent en lumière la gentrification qui menace tout un quartier, voir un écosystème. L’expropriation de ces immigrés pour répondre aux besoins croissants de la mégalopole new-yorkaise, voilà ce qu’il nous est permis de voir à travers ce documentaire saisissant.
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