Que dire après un tel film ! Fortuna fait parti de ces longs métrages qui nous laissent sans voix. Il prend le temps de nous raconter ce qu'il a a nous raconter avec élégance. Dans ce film, tout est gris. Le monde ne semble pas mourir, il est déjà mort. La jeune fille en exil n'a plus rien, si ce n'est son âne, Clochette. Ce qui n'est pas sans rappeler Au hasard Balthazar de Robert Bresson. Et les quelques lueurs d'espoir s'estompent bien vite, presque fatalement. Que dire, en effet devant ce film. En tant que spectateur nous assistons à une histoire tristement contemporaine, soutenue par une photographie juste sublime. C'est un film qui nous apprend le silence, ou plutôt devrais-je dire l'humilité. Comme le rappelles très justement un vieux moine, selon moi le plus sage parmi les moines qui offrent l'hospitalité à ceux qui sont en exil : « Parfois le mal, c'est le bien imposé. ».
Je n'ai donc rien à dire de plus, si ce n'est que Fortuna n'est pas seulement un film qui se regarde, mais qui se vie, et qui laisseras une trace après son visionnage : Le sentiment d'avoir vécu quelque-chose de transcendant, et qui par sa réalité effroyable se refuse à tout jugement.