Nous sommes en avril1978 à Bastia où un événement aussi important qu'inattendu va tenir en haleine le monde du football français. En effet le modeste club du "S.E.C. Bastia" grâce à son talent et à sa hargne surprend la hiérarchie de ce sport en se retrouvant en finale de la "Coupe de l'U.E.F.A." face à l'ogre du géant hollandais du "P.S.V. Eindhoven", le match aller se jouant au stade "Armand Césari" de Bastia.
Très tôt le matin, la caméra filme et commence à faire découvrir l'atmosphère et l'ambiance montant petit à petit dans la cité. Les "lève-tôt" vaquent à leurs occupations habituelles mais ils sont déjà à ne penser qu'à ce match de "David contre Goliath" qui va clore cette journée d'attente interminable.
Petit à petit la matinée s'écoule. Les drapeaux corses et les pancartes à la gloire du club commencent à fleurir aux fenêtres et dans les vitrines. Les premiers klaxons se font entendre et plus la journée se déroule plus l'ambiance bien que fiévreuse devient survoltée.
Le grand moment est enfin très proche et les tribunes et gradins vieillots et précaires du petit stade sont combles. C 'est à ce moment qu'un terrible orage vient se mêler à cette fête.
L'arbitre va longtemps hésiter avant de donner son autorisation de lancer le match mais qu'importe, on le jouera dans des conditions dantesques. Le ballon ne roule presque pas et les shoots dégagent des gerbes d'eau.
La partie se termine et le public se retire un peu déçu, très dubitatif en pensant au match retour mais tout de même fier de son équipe. Le stade est maintenant désert, seuls les monceaux de papiers et de détritus jonchent le sol, derniers témoins de cette folle journée.
Ce court-métrage est la toute dernière pellicule que Jacques Tati réalisa en compagnie de sa fille Sophie Tatischeff et elle fut commandée par Gilbert Trigano, le président du club local. Il s'agit là d'un témoignage très touchant au niveau de la description, de l'émoi et de la liesse que peut provoquer un grand match de football dans cette ville de Bastia et même dans la France entière car personne n'aurait parié un centime sur cette affiche en début de compétition.
Les réalisateurs ont donc réussi à raviver des souvenirs en filmant de manière très "libre" les habitants de la ville tous imprégnés par l'événement inattendu, ce qui nous gratifie d'un petit moment émouvant filmé avec délicatesse et amour.
Pourtant nous avons bien failli ne jamais voir cette œuvre puisqu'elle fut retrouvée dans la cave de la réalisatrice. Cette petite bobine d'un peu plus de vingt minutes est donc la dernière révérence de Ce film va donc clôturer également "ma liste consacrée à Jacques Tati".
Ce génie du "Septième Art" apparaitra dans quelques autres courts-métrages dont il ne sera qu'acteur. Je suis heureux de vous avoir apporté quelques critiques et souvenirs sur ce "Visionnaire de génie" tout en vous recommandant le magnifique coffret regroupant l'intégralité de son œuvre, paru il y a quelques temps.
Pour les mordus du foot, je peux vous indiquer le score: 0-0 au match aller et 3-0 au match retour en faveur du "P.S.V. Eindhoven".
Note: 7/10