⚠️ Une maintenance est prévue ce Mercredi 4 décembre de 9h00 à 13h. Le site sera inacessible pendant cette période.

Que Fragile nous bouleverse à ce point tient à la justesse avec laquelle Emma Benestan tout à la fois regarde ses adolescents et en retranscrit les préoccupations, les angoisses et les désirs. Sa mise en scène dynamique et fluide, mais jamais tape-à-l’œil, traduit à l’écran les transports intérieurs de personnages qui trouvent dans la danse un moyen de se reconnecter à leur corps et de chercher une entente avec celui de l’autre.


C’est sur ce point que le long métrage se distingue du récent et tout aussi réussi À l’abordage (Guillaume Brac) : là où ce dernier choisissait une esthétique épurée et minimaliste pour donner à voir et à vivre un amour d’été, Fragile pense sa forme telle une zone de turbulences qui doit permettre l’ébullition et, à terme, l’union de deux êtres qui apprennent à se connaître, qui s’apprivoisent, se tournent autour comme la danse à laquelle ils s’adonnent. Les chorégraphies ne participent alors pas d’un jeu de séduction, elles s’intègrent dans quelque chose de plus profond qui serait l’épreuve de l’autre. Les huîtres offrent au film une puissante métaphore de cette redistribution des identités inhérente à l’amour : aimer exige d’être l’autre en étant soi-même comme lorsque les deux corps fusionnent pendant l’acte sexuel.


La réalisatrice oppose brillamment deux conceptions de l’amour : l’une est individuelle, elle enferme les partis dans une quête de sa satisfaction personnelle – l’actrice ne pense qu’aux rôles qui doivent assurer sa carrière, la mère plaque sur son fils un ensemble de règles dont elle seule tire satisfaction ; l’autre est organique, synthétique, alchimique : elle transforme deux corps en un dans la danse, dans l’étreinte au cours desquelles l’on s’abandonne. « À force de te projeter dans de grandes idées, tu finis par tomber dans de petits schémas ». Et contre ces grandes idées, l’éloge de l’amour véritable, de l’amour à deux en un, seule richesse qui ait une valeur – la perle est rendue à la mer. Un film magnifique.

Fêtons_le_cinéma
9

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2021

Créée

le 25 août 2021

Critique lue 1.3K fois

17 j'aime

3 commentaires

Critique lue 1.3K fois

17
3

D'autres avis sur Fragile

Fragile
Fêtons_le_cinéma
9

L’épreuve de l’autre

Que Fragile nous bouleverse à ce point tient à la justesse avec laquelle Emma Benestan tout à la fois regarde ses adolescents et en retranscrit les préoccupations, les angoisses et les désirs. Sa...

le 25 août 2021

17 j'aime

3

Fragile
Cinephile-doux
6

Huitre et demi

Choisir d’œuvrer dans la comédie romantique pour ses débuts de réalisatrice : Emma Benestan n'a pas opté pour la facilité, dans le sens où il semble bien plus simple de commencer par le drame et...

le 29 août 2021

5 j'aime

Fragile
Contrechamp
4

Une huître sans perle

Durant la séquence d’ouverture, « Toi, t’es un fragile » profère Raphaël (Raphaël Quenard) à Azzedine (Yasin Houicha) pour marquer une distinction, construite sur la notion de romantisme,...

le 25 août 2021

5 j'aime

Du même critique

Sex Education
Fêtons_le_cinéma
3

L'Ecole Netflix

Il est une scène dans le sixième épisode où Maeve retrouve le pull de son ami Otis et le respire tendrement ; nous, spectateurs, savons qu’il s’agit du pull d’Otis prêté quelques minutes plus tôt ;...

le 19 janv. 2019

89 j'aime

17

Ça - Chapitre 2
Fêtons_le_cinéma
5

Résoudre la peur (ô malheur !)

Ça : Chapitre 2 se heurte à trois écueils qui l’empêchent d’atteindre la puissance traumatique espérée. Le premier dommage réside dans le refus de voir ses protagonistes principaux grandir, au point...

le 11 sept. 2019

78 j'aime

14