Correspondance – Jour 1 (toujours)

---Bonjour voyageur égaré. Cette critique fait partie d'une série. Tu es ici au second chapitre. Je tiens à jour l'ordre et l'avancée de cette étrange saga ici :
https://www.senscritique.com/liste/Franky_goes_to_Hollywood/2022160
Si tu n'en a rien a faire et que tu veux juste la critique, tu peux lire, mais certains passages te sembleront obscurs. Je m'en excuse d'avance. Bonne soirée. --


Post scriptum.


Je n’ai pas su m’arrêter, ce petit quart d’heure de frisson des premières heures ne m’aura pas suffit. J’en voulais plus. Et je voulais faire démarrer mon enquête ! Alors j’ai regardé dans la foulée le deuxième film de ma liste. Par le même coup, j’ai commencé la saga Universal Monsters, comme tu le sais avec la Hammer, les deux immanquables de tous mes mois monstres.
Si le vampire est la star de la Hammer, j’ai comme l’impression que la créature de Frankenstein sera celle d’Universal Monsters. Diable ! Encore une fois j’ai été bluffé par la qualité de ce film ! Je n’ai pu m’empêcher tout du long de m’émerveiller de l’excellence de cette œuvre en comparaison avec toutes les autres œuvres Universal Monsters qui me sont passés sous les yeux ces deux dernières années. Le film s’ancre dans son temps, se portant dignes successeur de l’expressionnisme allemand, reprenant ses décors hantés, ses lumières tranchées, et lui ajoutant un gothisme chic typiquement américain. La femme de Frankenstein est magnifiée comme toute star américaine digne de ce nom. Bref, le film est sublime, à la croisée entre un héritage riche et honoré et des idées novatrices qui porterons le mouvement Universal Monsters tout entier, ainsi que tout ceux qui lui succéderont encore.
Première adaptation longue de l’œuvre de Mary Shelley (d’ailleurs j’étais si déçue de voir qu’un siècle après la révélation du réel auteur de cette pépite, Universal pratique encore la politique de l’autruche en singeant de penser son mari Percey Shelley comme le véritable auteur…), on progresse dans le développement des personnages. Comme le souhaitait l’auteure, le film nous plonge dans une profonde compassion pour la créature et un jugement négatif des personnages qui l’entourent, le créent puis le rejettent. Cela dit, je ne sais toujours pas si c’était incroyablement bien fait, ou si c’est un dérapage heureux… La scène du vol de cerveau notamment me laisse ce doute déplaisant. Si elle est sublime pour l’esthétique horrifique qu’instaure le film, elle est nettement plus douteuse scénaristiquement : comment ça un cerveau de criminel ? La créature de Frankenstein n’est pas pathologiquement méchante, elle le devient parce qu’elle ne comprend pas ce monde qui la rejette injustement. Tout va un peu trop vite et on sent que le film se presse pour faire tenir tout son propos dans la durée qui lui est accordée. On ne peut pas s’éterniser sur cette formidable introduction au cimetière si on ne tronque pas l’histoire derrière de quelques scènes nécessaires à la cohérence mais inutile pour l’avancée du scénario. Des choix sont pris, et je décide de les soutenir, même si parfois les scènes passent un peu trop vite de l’une à l’autre, laissant le sentiment d’un récit complet mais un peu décousu -ce que renforce les nombreux faux-raccords qui agressent les rétines régulièrement.
Tu sais, j’ai vu naître le début de mon enquête avec la scène la plus forte du film. Si on explique la maltraitance et le désaveu qui conduit à la cruauté de la créature de Frankenstein, elle en est pour le reste traitée quasiment tout le long du film comme un être dangereux, fort et violent. Et j’ai écrit quasiment car il y a cette scène sublime à base de petite fille, de marguerite et de bord de lac. Cette scène à tout pour elle. Elle est composée de fragments de bonheur partagé, de bonne odeur de printemps, de jolies métaphores et d’un décor rappelant la naissance de l’histoire d’*Alice au Pays des Merveilles*…
Tu devrais voir ce film mon aimé, car je ne veux pas t’en dire plus sur cette scène tant elle mérite d’être vue. Réjouis-toi, le film dans son intégralité mérite d’être vu. Et s’il ne porte pas de piste concrète pour le retrouver, j’y vois tout de même une première référence à Wulver. C’est encourageant. Je vais continuer.
Bientôt la suite de mes recherches, en attendant j’attends impatiemment de tes nouvelles.
Je t’embrasse,
H.

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le 4 nov. 2018

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Zalya

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