C’est dans Hamlet, en 1948, que Christopher Lee et Peter Cushing apparaissent pour la première fois ensemble. Jusqu’en 1979, les deux complices se recroiseront dans nombre de films (22 au total), souvent adversaires, parfois complices.
Dans les films gothiques de La Hammer, Peter Cushing en savant et Christopher Lee en monstre s’affronteront lors de délirantes scènes de poursuites, où le Monstre de Frankenstein, Dracula ou la Momie (joués par Christopher) tentent d’occire les pauvres Van Hesling, Banning ou Baron Frankenstein (joués par Peter) qui tentent en vain d’opposer crucifix, épée, pistolet et armes diverses à leur adversaire incontrôlable.
Symboles d’un type de film d’horreur baroque, tournés dans des couleurs flamboyantes, privilégiant les châteaux sombres, les belles créatures et les vampires séducteurs, les films Hammer subliment la beauté du rouge sang dans des décors gothiques sans jamais tomber dans le gore et le sordide. Au fil des années, le côté horreur se fera plus important, accentuant le côté sadique des meurtres et tortures, surtout lorsque Vincent Price se joindra au groupe d’acteurs fétiches du studio.
Le film est centré sur le personnage de Frankenstein, sa soif de découvrir le secret de la vie et de la créer de toutes pièces. Elle le mènera jusqu’au meurtre et à la folie.
Frankenstein Curse commence en prison où le Baron Frankenstein, à moitié fou, attend dans l’angoisse son exécution qui doit avoir lieu l’heure d’après.
Au prêtre venu l’assister, il va raconter son histoire depuis son adolescence où, jeune héritier de la fortune et du titre de son Père, il engage un précepteur pour tout apprendre, notamment la science.
L’élève dépassant rapidement le maître, Frankenstein se lance donc dans des années de travail, gardant auprès de lui son ancien précepteur en tant qu’assistant et ami, pour mener des expériences sur la vie et la mort. Après avoir réussi à ressusciter un chiot, il se lance dans une oeuvre terrible, créer la vie à partir de la mort.
Tandis que gronde le tonnerre, que les bulles agitent les étranges mélanges multicolores qui baignent le corps immergé auquel le Baron va tenter de donner vie, on attend avec une certaine impatience de voir surgir notre cher Christopher Lee. Celui-ci cependant n’apparaîtra pas avant la moitié du film, incarnation du désir fou de Frankenstein de créer la créature parfaite.
Parfaite, c’est beaucoup dire car l’assemblage est plutôt raté. Silhouette raide à la démarche saccadée, visage couturé et cerveau de criminel totalement abruti, la créature ne perdra pas de temps à fausser compagnie à son créateur et à aller commettre son premier crime. Pourtant, le Baron n’a pas ménagé sa peine, dérobant et découpant des cadavres puis poussant dans l’escalier son vieil ami professeur afin de faire profiter sa créature de son brillant esprit.
Le film est basé entièrement sur le personnage du savant obsédé par son œuvre, se prenant quasiment pour Dieu, sous les yeux horrifiés de son assistant. Les scènes présentant la créature sont courtes, les meurtres suggérés et non montrés.
Peter Cushing sera si ravi du rôle du Baron Frankenstein qu’il tournera six autres suites, hélas sans son complice Christopher, mais toujours sous la direction de Terence Fisher qui permettra, dès l’année suivante, les retrouvailles de nos deux compères, cette fois-ci comme Dracula et Van Hesling, dans Le cauchemar de Dracula.
Tourné en un mois à peine, Frankenstein curse (oublions la traduction française du titre), ouvre la voie à plusieurs films du genre et l’on s’amusera de voir la haute silhouette de Sir Christopher Lee en monstre implacable poursuivre ou saisir à la gorge Peter Cushing ou celui-ci en savant ou archéologue courir comme un fou à la poursuite du monstre incontrôlable, tous deux avec beaucoup de conviction et de talent…et ceci pour notre immense plaisir !
Deux critiques de films sur le duo Cushing-Lee :
https://www.senscritique.com/film/La_malediction_des_pharaons/critique/103752527
https://www.senscritique.com/film/Le_Chien_des_Baskerville/critique/103752471