Les Aventuriers de la dame perdue

Après avoir regardé une interview du réalisateur Roman Polanski à la tv il y'a quelques jours, j'ai eu l'envie de me replonger un peu dans sa filmographie, et notamment du coté des films cités durant cet entretien.
J'ai donc choisi Frantic qui de par son affiche et sa réputation ne serait qu'un film mineur du polonais, je n'avais pas une grande envie de le voir avant de lire le synopsis très accrocheur. Après avoir lu ça je n'avais plus aucun doute sur le film à regarder ce jour là.

Dès les premières minutes je suis dedans à fond, à me répéter "si ça continu comme ça c'est génial", et voilà que ça continu, Polanski nous plonge une fois encore au cœur d'une folie humaine. Car la folie c'est LE sujet du monsieur, rare sont ceux qui arrivent à créer une atmosphère aussi prenante et stressante. Le plus dingue ici étant qu'il n'use à aucun moment d'une touche de fantastique ou de paranormal comme avec Le Locataire ou Rosemary's baby, ici ce n'est qu'à travers le simple désespoir d'un homme qu'il nous fera paniquer comme son personnage principal.
Nous suivons ici un Docteur venu en vacance à Paris avec sa femme, ils ne sont pas revenus ici depuis leur lune de miel, et ce nouveau périple va sans aucun doute être plus marquant que le premier. En effet peu de temps après leur arrivée, pendant que l'homme est sous la douche, la femme reçoit un appel dont on ne distinguera pas les propos, et la voilà qui s'en va en criant un mot inaudible à son mari trempé. Il se rend compte ensuite qu'elle ne revient plus, qu'elle n'a laissé aucune note, paniqué il se met à la chercher partout jusqu'à déjouer un dangereux échange.

Roman de par une mise en scène angoissante m'a proposé ici un de ses meilleurs films, à mes yeux en tout cas, pourtant il est si peu connu, je ne comprend pas pourquoi, je ne trouve même pas la trame trop classique, c'est si prenant, si rarement aussi bien foutu. Car oui les films d’enlèvement on connait, mais avec une réelle angoisse, une telle maîtrise de la folie du personnage, c'est juste purement jouissif et très rare. En plus de ça la bande originale d'Ennio Morricone propose elle aussi un sentiment de panique oppressant, rien que la scène du parking où l'homme court après la voiture, j'avais le cœur battant méchamment moi.
Niveau casting, c'est là que j'appréhendais un peu, car je l'avoue sans honte, Harrison Ford en dehors de ses rôles cultes d'Indiana et de Han, ne m'a jamais bluffé, et même dans les rôles cités il ne m'a pas forcément étonné. Mais là, woaw, là il a réussi, cette sincérité sur son visage, son incompréhension face à cette ville et ces français dont il ne comprend quasiment pas un mot, là pour le coup je l'avoue, il m'a bluffé. Il est accompagné pratiquement tout du long par Emmanuelle Seigner ou plus simplement madame Polanski, un duo qui fonctionne parfaitement.
Ce qui m'a amusé tout comme je l'avais été avec Le Locataire, c'est de retrouver des acteurs français, nous sommes en France normal, mais quand je vois Harrison Ford au casting, j'me dis pas d’instinct que j'vais tomber sur Dominique Pinon, Gérald Klein, Artus de Penguern et j'en passe, c'est donc fort agréable.

En bref, un des meilleurs films du monsieur que j'ai vu pour le moment, tellement efficace, prenant et ficelé, car pendant une grande partie du film on est dans le flou, la trame ne se dénoue que petit à petit pour arriver à un final qui n'a rien de révolutionnaire mais qui est purement et simplement réaliste, voire crédible.
Un cru trop peu connu, ou trop peu apprécié donc, mais des bonnes bouteilles comme ça, qu'elles soient poussiéreuses ou pas, j'en veux bien encore.