Interminable deuil
Avant tout mitigé, perplexe et pas entièrement convaincu, me voici un peu embarrassé face à ce dernier projet de François Ozon, qui, osons le dire, n'est pas totalement clair et fait du sur-place...
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le 8 sept. 2016
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Si l'on devait ajouter une couleur à la palette de François Ozon, une teinte qu'on ne lui connaît pas, ce serait celle de la subtilité ou du moins de la sensibilité. Le ton qu'il adopte dans Frantz surprend pour le réalisateur de "8 femmes" ou encore du plus récent "Une nouvelle amie" (sur un homme qui se déguise en femme et se définit lui-même comme un "chou-fleur", on a fait plus subtil). Ozon ose donc la beauté - les plans sont comme des tableaux en mouvement - dans ce film sur la force du mensonge, l'après-guerre, mais aussi sur une Allemagne dont la langue respire enfin doucement à nos oreilles. C'est assez rare pour être souligné, ici français et allemand sont parlés avec douceur, légèreté et sens des dialogues. La communication n'est jamais rompue, même si elle est factice, difficile, teintée de rejet. Ozon a choisi ici de se focaliser sur le point de vue de la jeune allemand, là où Lubistsch c'était plutôt intéressé à celui de la France. Deux réalisateurs qui ouvrent donc leurs perspectives respectives (ils ont en effet adapté la même pièce de théâtre, mais à plusieurs années près)
Si le secret bien gardé d'Adrien Rivoire ne surprend pas vraiment, c'est que ce n'est pas le sujet du film. Le cœur du film et, pourrait-on dire de l'oeuvre de François Ozon, c'est le mensonge qui fait éclater une vérité plus grande encore. Ici, c'est cacher la vérité qui permet à une famille de retrouver la force de vivre après avoir perdu son fils unique pendant la guerre. En choisissant le noir et blanc pour conter cette histoire de deuil, Ozon se permet de réveiller ses personnages par la couleur. La couleur à l'écran devient le signe des cœurs qui se remettent à battre. Le passage de la couleur au N&B a alors un effet couperet sur la joie des personnages.
La sensibilité est ici à fleur de peau, Paula Beer interprétant une jeune veuve au cœur pur et bouleversé, est magnifique sous ses faux-airs de Bérénice Béjo. La complexité des sentiments qui la traversent est bien rendue à l'écran, notamment par l'insistance de plans sur le visage de l’actrice, qui fait passer de nombreuses émotions. Lors d'une avant-première du film, elle racontait avoir été surprise par la présence, très proche, de François Ozon durant le tournage, puisqu'il faisait les cadres. Ainsi, c'est comme si, disait-elle, le réalisateur chuchotait ses consignes à l'oreille des comédiens. C'est alors qu'un langage silencieux, gracieux qui s'engage entre le cadre et le spectateur.
Si la sensiblerie n'est jamais très loin derrière la sensibilité et que quelques longueurs viennent ternir le rythme d'un film qui bat au rythme d'un cœur qui reprend peu à peu vie, on est souvent transportés comme par quelques notes de violon par un film qui prend le temps de se mettre, depuis la France, du point de vue de l'ennemi, de celui qui est en défaite. Pourtant, du côté même des vainqueurs (très belle scène où la jeune Paul Beer se retrouve prise au milieu d'une Marseillaise), on compte les morts, et on danse sur les cadavres de l'ennemi. Un constat simple mais souvent bouleversant porté par des destins croisés trop tard, qui se redonnent simplement le goût de vivre, victimes d'une guerre qui les dépassent et qui fait de tous des assassins malgré eux.
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le 7 sept. 2016
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le 7 sept. 2016
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