Interminable deuil
Avant tout mitigé, perplexe et pas entièrement convaincu, me voici un peu embarrassé face à ce dernier projet de François Ozon, qui, osons le dire, n'est pas totalement clair et fait du sur-place...
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le 8 sept. 2016
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À quoi bon faire un remake du film de Lubitsch, L'homme que j'ai tué, pour en arriver à ce résultat? C'est une caricature de cinéma français, prétentieux. Le réalisateur se regarde filmer ses acteurs. Les ficelles sont grossières : les visages grimaçants durant la Marseillaise, le "soyez heureux, Anna" de la fin, la couleur qui revient par moments quand la vie réapparaît, le violon qui nous fait croire à qqch de raffiné, le summum du ridicule étant la scène finale, quand l'Anna la pleurnicharde s'assoit sur un banc, au Louvre, regarde un tableau et nous dit : "Je veux vivre". Stop. On en a assez! On a eu le coup du suicidé! On a supporté le Niney à moustaches, malingre, pas du t convaincant en ancien combattant. C'est quoi ce cinéma qui n'a plus rien d'un cinéma d'auteur, qui n'en a plus la subtilité, l'intelligence, qui prend le spectateur pour un imbécile avec ses clichés? Si on veut revisiter un film, que cela serve à quelque chose!
Le coup du Français qui revient se faire pardonner de la famille de l'Allemand qu'il a tué dans les tranchées, plus aucun intérêt! Un remake, ça doit donner une nouvelle dimension à un film.
Où est passé le Ozon audacieux, sulfureux, qui savait faire du cinéma, surprendre par sa délicatesse ou sa folie subversive? Pourquoi Ozon n'a pas fait l'histoire d'amants, qui aurait donné une autre profondeur à cette fadeur indigeste, plutôt que de verser dans l'attendu, dans cette sauce hétérosexuelle fadasse?
Ozon recule avec le succès. Avec Jeune et Jolie, déjà, il avait dû renoncer à tourner l'histoire d'un jeune homme qui se prostituait : il ne faut pas heurter les bonnes familles... Il avait donc choisi de nous faire un gentil téléfilm pour M6. Il s'est laissé acheter, il a renoncé à ce qu'il était, et les choses ont basculé depuis Ricky. Le Ozon d'avant aurait fait d'Adrien Rivoire un amant malheureux, d'Anna une fille amoureuse d'un homosexuel ; il ne nous aurait pas fait le coup de la fausse mort et d'un autre prénom sur la tombe (gros comme une maison!). Et le pire, c'est que les gens trouvent que c'est un "beau film"? Je rêve...
Je crois que je vais me passer, désormais, de son cinéma. Faire mon deuil d'un réalisateur que j'aimais et qui n'existe plus.
Créée
le 10 déc. 2016
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