Lorsque la MGM s'est rendu compte du succès du cinéma fantastique et du quasi-monopole de la Universal dans ce domaine (Frankenstein, Dracula), elle a souhaité frapper un grand coup et faire le film le plus effrayant jamais réalisé jusque là.
Et là où le scénariste a été fort, c'est qu'il n'a pas cherché à inventer un nouveau monstre mais a utilisé ce qui existait déjà, ceux qui étaient considérés comme des monstres à cette époque.
Cependant, ce serait une erreur de considérer que "Freaks, la Monstrueuse Parade" est un freak show cinématographique. On en est loin.
On en est très loin même parce que les "monstres" sont plus humains que les "valides" dans cette oeuvre. Tod Browning, le réalisateur, qui possédait lui même un cirque, les a magnifiés, en a fait des êtres débrouillards, solidaires, remplis de belles valeurs et d'une humanité à fleur de peau.
Un homme tronc ? On montre qu'il est capable d'allumer seul une cigarette, sans l'aide de personne.
Des soeurs siamoises ? On montre qu'elles ont beaucoup d'autodérision sur leur situation et qu'elles sont capables d'aimer et d'épouser des hommes différents. D'ailleurs, l'histoire vraie de ces soeurs est d'une grande tristesse mais, en tout état de cause, elles ont connu plusieurs hommes.
Les seuls vrais monstres, ce sont ceux qui se moquent d'eux, ceux qui se montrent cruels, ceux qui ne les voient qu'au travers de leurs difformités. En cela, il inspirera des années après David Lynch pour son "Elephant Man", autre manifeste pour une meilleure acceptation des gens "différents".
On a donc un film de 1932 très osé pour l'époque dans sa thématique et dans son message. Celui-ci est magnifié par le talent du réalisateur qui utilise la lumière d'une manière telle que certains plans, forcément en noir et blanc, sont saisissants de contrastes et d'une grande beauté.
Cependant, si l'on veut être totalement juste, il faut pointer le fait que le film réserve peu de surprises. La trame est classique et relativement prévisible. D'ailleurs, il manque parfois un peu de rythme.
Mais ce sont des défauts que l'on oublie bien vite face à cette oeuvre si importante pour l'histoire du cinéma.