Largement critiqué et incompris à sa sortie en 1932, censuré en Angleterre, puis tombé dans l’oubli pendant trois décennies, Freaks de Tod Browning a acquis le statut de film culte au cours des années 1960 et on peut tout à fait dire que ce n’est que ce n’est que justice tant ce film paraît unique dans l’histoire du septième art. On ne peut pas véritablement réduire Freaks à un statut de cinéma d’horreur car sa portée va bien au-delà d’une simple dimension horrifique, ce n’est qu’à partir de la scène du dîner ou l’on constate un réel basculement dont se dégage une atmosphère d’épouvante. Freaks nous fait prendre conscience que les "monstres" ne sont pas toujours ceux dont l'apparence s'en rapproche le plus, ces bêtes de foire possèdent des valeurs qu’ils unifient pour combattre le mépris et l'intolérance. L’amitié et l’humanisme sont au cœur de cette troupe "pas comme les autres" et l’une des grandes forces de ce film est de nous faire ressentir toute une compassion envers elle. Freaks est très certainement l'un des plus beaux films sur la réticence de l'anormalité et sur l'acceptation de la différence. Il met en exergue ces aspects contradictoires que sont le respect et le rejet total. Film humaniste, bouleversant et intemporel, Freaks est tout cela et bien plus.