La Monstrueuse Parade ou Freaks est un superbe drame humain réalisé par Tod Browning, écrit par Willis Goldbeck, Léon Gordon et Edgar Allan Woolf d'après la nouvelle Spurs (Les Éperons) de Tod Robbins... qui met en scéne le monde plus ou moins humain du cirque a travers des personnages comme Hans (joué par Harry Earles... un jeune acteur nain qu'on reverra dans le superbe Le Magicien d'Oz (The Wizard of Oz) de Victor Fleming), une personne atteinte de nanisme (dit « lilliputien »), illusionniste, fiancé à l'écuyère Frieda (jouée par la soeur du comédien... Daisy Earles), une naine elle aussi... qui tombe amoureux de la grande et belle Cléopâtre (jouée par Olga Baclanova... une très jolie actrice d'origine Russe vue dans L'Homme qui rit de Paul Leni), la trapéziste très avide et peu scrupuleuse qui cultive en secret sa relation avec le beau et fort Hercule (joué par Henry Victor), le Monsieur muscle du cirque... De nos jours, réaliser un film similaire à Freaks est impossible, surtout dans les pays occidentaux, ou les personnes handicapées sont protégées désormais par différents statuts, avec souvent un droit à l'image assez rigoureux . De plus, de nombreuses associations font offices de garde-fous, pour empêcher de nombreuses dérives, comme montrer une personne avec un handicap comme une chose, ou bête de foire. Ce qui jadis était montré comme une curiosité, ou un phénomène de foire, laisse place désormais à la dignité de ceux qui sont présentés comme des personnes ayant un handicap, ou lourdement handicapées. Le droit à la dignité des individus est globalement respecté au delà des pays occidentaux, mais globalement, dans tous les pays de la planète, ce qui semble être l'une des rares réussites Universelle moderne, les tabous sont levés, et laissent places à la dignité de l'individu... Freaks est désormais un classique du cinéma, et le film qui rend le plus grand hommage à ce chef-d'œuvre est certainement (un autre chef d'oeuvre) Éléphant Man de David Lynch, où l'on retrouve les mêmes thématiques... Mais c'est surtout une œuvre profondément humaniste ou ces Monstres de foire sont plus humains que certain être qui se réclame tel que... Car si Cléopâtre correspond aux normes physiques par sa beauté, à l’intérieur, elle est la plus laide de tous les personnages, la plus monstrueuse. C’est le regard que l’on porte sur les autres qui détermine leur état. N’étant pas habitués à la vision d’une femme/poule, les spectateurs qui viennent voir Cléopâtre à la fin du film sont horrifiés, certains crient. L’ancienne beauté est donc devenue un monstre, et cette monstruosité n’est désormais plus seulement intérieure, mais visible par tous. Nous sommes tous des monstres potentiels, voilà ce que nous dit Freaks. Un message universel, qui se vérifiera dès l’année suivante avec la montée du nazisme, et un film qui restera comme le chef-d’œuvre de son réalisateur.