Grand classique tout d'abord décrié, oublié, avant de ressurgir trente ans après sa production et de finalement obtenir une place dans le rang convoité des œuvres cultes, Freaks n'en demeure pas moins un film simple avec un message simple.
Ce qui n'enlève rien à sa capacité de toucher, séduire, et marquer le spectateur 80 ans après sa sortie ; au contraire.
Freaks montre. Il montre l'humanité derrière l'apparente monstruosité, et la monstruosité derrière l'apparente beauté ; c'est évident mais c'est vrai. Il montre que des traits humains, dans la normes, ne sont pas pour autant rassurants et peuvent déguiser les plus noires intentions. Il montre ce que l'individu appartenant à cette norme (dit "normal" ) considère comme tabou : l'existence d'une communauté de parias, d'anormalités et d'aberrations capable d'éprouver l'amour, l'amitié, la solidarité, de faire preuve de tolérance, d'ouverture.
Le monstre humain qui renvoie sa propre laideur à l'humain monstrueux.
La morale de l'histoire est juste et justifiée, bien que malheureusement édulcorée par rapport au montage voulu à l'origine. En ceci Lynch et son Elephant Man diffère du film de Tod Browning dont il est certain qu'il a dû s'inspirer. Les images sont magnifiques, certaines lumières sublimes, Olga Baclanova et Leila Hyams superbes. Quant aux freaks du titre, ces "créatures" si surréalistes qu'on a du mal à croire qu'elle sont réelles, leur apparence et leur gestuelle font revêtir une aura de magie à leur humanité trop souvent insultée ; pourtant indiscutable.
A regarder, comme dans un miroir.