Malgré ses qualités le second volet des aventures de Freddy était une trahison pure et simple de tout ce qui constitue un "Nightmare on Elm Street". Pour le troisième épisode les scénaristes écartent donc l'opus précédent et reviennent aux bases du concept. C'est le retour des rêves, de la paranoïa du sommeil et même de Nancy, héroïne du premier long métrage. On atterri dans un hôpital psychiatrique pour jeunes en difficulté et même si on quitte Springwood, le film maintient le lien puisque les victimes sont les derniers enfants des bourreaux de Freddy. Le croque-mitaine est donc là pour terminer son oeuvre.
Plus qu'un retour aux sources cet épisode est une charnière majeure de la saga puisque c'est celui qui va déterminer l'orientation des suivants. En effet les cauchemars se font moins dérangeants et plus grandiloquents, cherchant d'avantage le délire visuel que l'effroi.Il faut cependant mettre de côté la séquence du serpent, plutôt glauque dans son genre avec sa métaphore sexuelle agressive. En résulte des meurtres parfois bien gratinés et une esthétique qui se rapproche plus du vidéo clip de Glam Rock que l'horreur impressioniste. La mise en scène sans personnalité de Cucke Russel reste fonctionnel mais peine tout de même à exploiter les possibilités offertes par la saga. De plus ces choix criards auront le don de faire vieillir assez vite cet épisode, plus années 80 que jamais.
L'inventivité de certaines situations reste cependant bien vue comme lorsque Freddy se multiplie dans des miroirs pour attraper plusieurs victimes en même temps ou lorsque le somnambulisme d'un personnage s'explique par sa transformation littérale en marionette par Krueger. Les meurtres sont désormais systématiquement dissimulés en suicides ou accidents, permettant ainsi à l'entourage des victimes d'ignorer superbement le problème sous-jacent. Une astuce pas idiote mais limitant l'impact purement graphique des meurtres, les lits vomissant du sang par hectolitres sont donc à oublier. Là encore le monde des rêves semble exploité un peu trop platement.
Freddy quand à lui se fait plus poseur et enchaîne les punchlines bien débiles ("Tu va crever l'écran, Salope !"). L'excellent Robert Englund s'éclate toujours autant sous la chair brûlée et chaque apparition est un vrai régal. La peur n'est plus aussi forte mais le personnage témoigne d'une jubilation assez réussie. En face de Krueger la bande de jeunes s'avère assez attachante et le retour de Nancy fait plaisir. Chaque jeune a son caractère bien défini et affrontera le tueur aux lames de ciseaux à sa façon. En effet la dernière nouveauté, et pas la moindre, veut que les victimes disposent désormais elles aussi de pouvoirs spéciaux.
Kristen peut ainsi amener d'autre gens dans ses cauchemars, histoire de pouvoir s'amuser à plusieurs. Un autre personnage développe ainsi une force surhumaine alors qu'un second lance carrément des éclairs. Comme chez les alcooliques anonymes, les jeunes sont invité à dompter leur monstre à l'aide de leur force intérieur, peut importe si cette force se résume à porter une crête et des pantalons cintrés. Parfois sujet à une exploitation ridicule cet aspect permet tout de même de rester prêt des personnages sans renier le caractère pervers du Freddy puisque ce dernier frappera là où ça fait mal psychologiquement. A côté de ça on pourra regretter que la thématique de l'enfermement ne soit jamais exploité, les gens circulant comme dans un moulin dans cet hôpital sécurisé.
Histoire de donner un peu d'ampleur à la saga les scénaristes creusent un peu le passé de Freddy, on en apprend ainsi un peu plus sur sa mère et sur sa conception : un viol collectif par plus de 100 psychopathes. Argument un peu ridicule, surtout en regard des bases de la biologie, et amené lourdement dans le récit mais ça fait toujours une anecdote décalée pour construire un personnage décidément unique.
Plus classique mais plus fidèle que le second épisode ces "Griffes du cauchemar" assurent le job avec efficacité à défaut d'éclat. En résulte un slasher correct avec autant de moments forts que de passages plus embarrassants. Pour les fans hardcore c'est surtout la résurrection de la licence avec un troisième volet qui se pose comme la suite naturelle du film originel.