S’il ne fait aucun doute sur l’influence et l’action majeures de Angela Davis, icône depuis les années 70 de la lutte contre toutes les ségrégations, il est toujours utile de se replonger dans l’histoire contemporaine récente et ainsi se souvenir combien la société américaine des années d’après-guerre est raciste et refermée sur ses préjugés. À l’époque du Ku Klux Klan, la population afro-américaine est loin de bénéficier des mêmes droits que les blancs. Le passionnant documentaire de Shola Lynch revient sur le parcours de l’ancienne enseignante en philosophie, et plus précisément sur son incarcération et le procès qui s’ensuivit. En effet, accusée d’avoir organisé une prise d’otages qui se solde par la mort d’un juge et de quatre prisonniers, Angela Davis est traquée à travers les États-Unis et devient pour le pouvoir en place, sous l’autorité de Richard Nixon, la femme à abattre pour mettre fin aux agitations provoquées par les Black Panthers.
Free Angela fait donc la part belle au procès et au formidable mouvement de solidarité qui dépasse bientôt les frontières du pays. Défendue par des avocats inspirés, épaulée par sa famille et les comités de soutien internationaux, aussi bien en Europe qu’en Afrique, Angela Davis est libérée faute de preuves. Un tournant dans la lutte pour l’égalité des droits qui propulse l’ardente combattante, féministe et communiste, sur le devant de la scène. Elle n’a jamais cessé depuis, avec intelligence et persévérance, de continuer le combat. Et on ne peut s’empêcher de songer en quittant la salle s’il y aura dans une quarantaine d’années encore des hommes et des femmes (donc des années 2000-2010) sur lesquels des documentaristes reviendront pour évoquer leurs engagements à peser sur la marche du monde. Franchement, on en doute beaucoup.