Un huis-clos dans une usine désaffectée et une vente d'armes qui tourne mal font penser que Ben Wheatley, en tournant Free Fire, est allé voir du côté de Quentin Tarantino et de son Reservoir Dogs, oui.
Sauf qu'après quelques quinze minutes d'exposition et la mise en scène de son élément déclencheur, il prend son titre au pied de la lettre, faisant de son film un véritable shoot'em up quasi permanent.
Ainsi, le spectacle offert confinerait parfois à un total panard de série B énervée, Wheatley offrant de superbes plans et une caméra toujours alerte et virevoltante, le tout concentré en une heure trente de canardages intenses et revigorants. Free Fire tire d'ailleurs du chant des armes qu'il fait pétarader un capital fun et une sympathie assez puissants.
Pourtant, le spectateur, tout à sa transe jubilatoire, ne pourra pas éviter de se rendre compte peu à peu que le film éprouve beaucoup de difficultés à élever son enjeu de départ et à sublimer la matière première de son script, comme avait su pourtant le faire le Joe Carnahan du délirant et ultra Mi$e à Prix. C'est comme si le réalisateur anglais se perdait dans la simplicité de son oeuvre et devenait prisonnier d'un huis-clos dans lequel il semble peiner à trouver une issue convenable.
Car passés les quelques classiques soupçons liés à la transaction, histoire de tendre déjà un peu les relations entre les protagonistes, et les éléments de cristallisation des rancunes, très peu de pièces supplémentaires seront par la suite apportées afin de faire avancer le schmilblick autrement qu'à coups de fusil. On a le sentiment que Wheatley grille trop rapidement ses cartouches dans la bataille, limitant finalement l'enjeu de Free Fire à savoir qui survivra à ce jeu de massacre exaltant bien qu'un peu paresseux.
Ainsi, même s'il est parfois hargneux et virtuose dans ce qu'il met sous le nez de son public, le film pourra apparaître comme un exercice de style un peu vain, un peu futile ou gratuit, faute d'un quelconque rebondissement ou d'un scénario développé que l'ensemble des personnages introduits ne fera vivre que par à coups (de feu).
De ce côté là, peu d'entre eux s'avèrent attachants ou particulièrement charismatiques, faisant parfois que l'on se détache de ce qui pourrait leur arriver. Il n'y aura donc que Armie Hammer et Sharlto Copley, parfois classieux et drôles, ainsi que Brie Larson, en tant qu'unique élément féminin du film, pour tirer leur épingle du jeu. Le reste du cast, même s'il fait le job sans faiblir, a beaucoup plus de mal à relever le gant et à s'inscrire de manière durable dans la mémoire, faute d'être clairement caractérisé ou de bénéficier d'un passé propre qu'on aurait pris le temps de nous exposer.
Si Free Fire crache ses cartouches dans la joie et la bonne humeur au détour de quelques répliques bien senties, dommage qu'il y ait, au cours de son spectacle rondement mené, autant de balles perdues. Si même les tireurs d'élite ne savent plus viser...
Behind_the_Mask, du plomb dans la tête.