La cravate qui tue
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Alors qu'ils assistent à une conférence au bord de la Tamise, une poignée de Londonien découvre un corps flottant inanimé dans l'eau, avec une cravate nouée autour du cou... et ce genre de meurtres devient récurant dans la capitale anglaise...
Les années passent, les temps changent mais Hitchcock lui, reste fidèle à lui-même. Alors au crépuscule de sa carrière, il réutilise à nouveau le concept de l'homme innocent accusé à tort qui voit tous les éléments l'accuser, comme dans La Mort aux Trousses, La loi du Silence ou La cinquième colonne auparavant. Ici c'est Richard Blaney, tout juste virer de son travail de barman, un homme normal qui pourrait se fondre dans l'immense foule de Londres mais qui va notamment voir son passé jouer contre lui. Hitchcock ne le lâche pas, braque sa caméra sur lui, observe sa façon de faire et la façon dont il va, peu à peu, se retrouver dans plusieurs situations délicates.
Hitchcock nous immerge dans un Londres malsain où un criminel rôde avec une violence qui plane sur la capitale anglaise. D'ailleurs c'est aussi via ce point de vue-là que Frenzy est vraiment intéressant, la façon dont le réalisateur anglais capte la vie et les infrastructures de Londres. Assez vite, le metteur en scène de Psycho nous dévoile qui est le meurtrier et il joue avec cet élément pour créer des liens entre les personnages et encore mieux nous surprendre. D'ailleurs il n'hésite pas à créer des intrigues secondaires, notamment avec l'inspecteur de police et sa femme apportant une petite touche de légèreté qui est clairement la bienvenue (notamment lorsqu'elle l'utilise comme cobaye de ses plats) ainsi qu'un panorama de la vie londonienne dans ce milieu-là à l'époque. On ressent aussi dans Frenzy une certaine liberté dans le ton où Hitchcock peut enfin montrer la nudité à l'écran et aborder, de manière frontale, la frustration sexuelle.
Tout est orchestré avec brio par Hitchcock, il ne laisse strictement rien au hasard. L'intrigue est parfaitement bien ficelée, sachant allier efficacité, suspense, humour noir et ambiguité, tandis que sa mise en scène est à la hauteur, sachant notamment mettre de la tension lors des moments adéquats. Il passe ingénieusement d'un point de vue à un autre, nous mettant à la place de divers personnages sans pour autant en sacrifier. Chaque cadre et plan est bien rempli, il n'hésite pas à jouer sur d'infimes détails et ça marche, tout comme on peut apprécier la fluidité de ses mouvements de caméra. Plusieurs scènes sont marquantes, à l'image de l'introduction, de la séquence des "patates" ou le plan-séquence du maître lorsqu'il descend les escaliers de l'appartement de Rusk.
Hitchcock signe avec Frenzy ce qui est pour moi son dernier grand film, une dernière grande pierre dans un immense édifice, l'un des plus beaux et grandioses qu'il m'ait été donné de découvrir. Ici, il nous immerge dans un Londres étouffant qu'il exploite à merveille pour nous conter cette histoire de faux coupable avec intensité, intérêt, humour noir et efficacité.
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le 11 sept. 2016
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