House of Freaks
À l'heure où la chirurgie esthétique est devenue monnaie courante, Basket Case 2 fait office de coup de poing et démontre une fois de plus l'intelligence de son auteur, j'ai nommé Frank Henenlotter...
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le 31 déc. 2013
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A part les suites de Basket case, j’avais déjà vu tous les long-métrages de fiction de Frank Henenlotter. Il n’en a pas fait tant que ça non plus ; je me souviens justement qu’il disait dans une interview sur internet qu’il avait eu du mal à trouver des financements pour ses films… à part si c’était un nouveau Basket case !
Et vu que la fin du premier n’appelait pas du tout à une suite, Basket case 2 avait tout l’air d’une suite faite uniquement pour le fric. Je n’avais déjà pas particulièrement apprécié le 1, mais bon, puisqu’Henenlotter semble maintenant uniquement s’intéresser au genre documentaire, s’il n’y a pas d’autres moyens de voir un de ses délires trashs qu’en regardant ça…
(j’admets aussi que ce qui m’a poussé à lancer Basket case 2, c’est que je cherche à me décider à acheter ou non la trilogie, le réalisateur étant en dédicace la semaine prochaine…)
Huit ans se sont écoulés entre le premier film et le second, mais celui-ci fait comme s’il reprenait directement à la fin du 1. Duane n’est pas mort, et l’existence de son jumeau n’a plus rien de secret puisque la nouvelle de l’accident avec les deux frères est reléguée par toutes les chaînes de TV.
Les héros se retrouvent à l’hôpital, mais n’y restent pas longtemps : ils sont recueillis par deux femmes, la jeune Susan (Heather Rattray, ravissante) et "Tante Ruth", une militante pour les droits des freaks. Sa maison est un refuge pour les mutants de toutes sortes, qui forment une grande famille que viennent rejoindre Belial et Duane.
Les nouveaux monstres ont des gueules parfois inventives, mais surtout complètement grotesques et over-the-top ; Belial a presque l’air normal à côté, quoi. Il leur arrive de lâcher des gémissements ridicules ou d’arborer des sourires débiles, c’est un spectacle à la fois déconcertant et hilarant, surtout au vu des caractéristiques de certains. Il y a un freak avec une tête démesurée, qui a une voix de chanteur d’opéra. C’est n’importe quoi, mais c’est le type de connerie que j’aime, et c’est dommage que le film n’aille pas plus loin dans ce genre de délire.
Basket case 2 concrétise des visions complètement tarées, aussi bien drôles pour certaines que glauques pour d’autres, et force est de constater que les acteurs sont vraiment bons (surtout celle qui joue Ruth) pour garder un air sérieux et naturel au milieu de tout ça.
C’est bien vu de la part d’Henenlotter d’avoir pris une direction complètement différente et loufoque, plutôt que d’avoir cherché à reproduire l’esprit du premier film. C’était sûrement la meilleure chose à faire.
Il y a des situations comiques plutôt réussies (le flic qui veut faire comprendre qui veut un plus gros pot-de-vin), quelques personnages bien azimutés, mais je suis aussi impressionné par la capacité du réalisateur à prendre ses héros au sérieux, et à créer des situations dramatiques au premier degré, à partir d’un tel pitch.
Duane est ravi à l’idée de pouvoir vivre sa vie sans son frère, qui a trouvé sa place dans la communauté de freaks (et a même trouvé l’amour !), et il souhaiterait partir avec Susan, mais elle cherche à le convaincre que sa place est parmi eux.
Dommage, au final on ne comprend pas bien ce que veut le héros, ni quelle est sa prise de position : tantôt il aide les monstres, tantôt il veut s’échapper.
De même, je ne trouve pas cohérent que Ruth, qui apporte un soutien psychologique à Belial et cherche à effacer la rancœur qu’il a pour son frère, le laisse tuer qui il veut.
Il y a probablement trop de sous-intrigues pour qu’elles soient toutes développées correctement, car dans un même temps, les siamois sont recherchés par une journaliste de tabloïd (ravissante elle aussi) et ses complices.
Du coup, la relation entre Duane et Susan par exemple est expédiée, et ça semble sortir un peu de nulle part quand le héros dit l’aimer.
Il y a de très bonnes idées dramatiques, mais pas tout à fait menées à bien…
On voit en revanche que Basket case 2 a bénéficié d’un budget tout autre que celui du premier film. Il y a bien plus d’acteurs, plus de décors, et Henenlotter se permet plus de mouvements de caméra. Il a d’ailleurs quelques petites idées de mise en scène pas mal.
Cette suite perd de son aspect crasseux et amateur, et c’est pas plus mal. La photographie est bien plus clean, il y a de ces éclairages au néon aux couleurs fantaisistes comme je les aime, et les effets spéciaux font beaucoup moins cheap.
Belial a subi un relooking, son design est beaucoup plus détaillé, et il est animé comme une marionnette, non plus en stop-motion approximatif.
J’aime bien l’aspect artisanal, mais je préfère cette version, clairement faite par quelqu’un plus habitué à créer des monstres en latex. Et heureusement, vu le nombre de freaks dans cette suite.
Basket case 2 est assez foutraque, mais très divertissant ; exactement le genre de délire 80’s qui me manque. Je me regarderai sûrement le troisième opus, et je reverrai le premier pour le réévaluer.
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Créée
le 1 sept. 2016
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