Frère et sœur par Adagiooo

C'est malheureusement le genre de film dont la bande-annonce est une bombe et l'intrigue en elle-même en devient fade.

Famille franco-juive, les parents : Marie-Louise et Abel, les enfants : Alice, Louis et Fidel.

Le film s'ouvre sur la réception des amis et autres proches d'un couple qui vient de perdre un enfant. Il y a une première altercation entre deux hommes, dont le père dudit enfant qui chasse l'autre de sa maison. On apprendra que l'autre homme est son beau-frère. Sur le pallier : Alice la soeur aînée, leurs parents, tous chassés. Le temps passe, la caméra nous emmène sur une route de campagne, on retrouve au volant, Abel, accompagné de Marie-Louise. La scène qui suit nous accroche à notre siège : ils sont spectateurs d'un accident de voiture et croient y passer. La conductrice atterrit dans le fossé, ils essaient de lui venir en aide. Puis, toujours à l'arrêt ils croisent un camion qui perd le contrôle et eux aussi sont victimes d'un accident. La caméra s'aventure alors dans un théâtre où Alice-Marion Cotillard s'apprête à jouer mais n'est pas au summum de sa forme. Elle a lu le dernier livre de Louis, son frère avec lequel elle est durement fâchée depuis des années, ce même Louis qui a perdu un fils .

Tout ce petit monde va être obligé de se côtoyer de loin ou de près, de trouver des subterfuges pour ne pas être dans la même pièce lorsqu'il va falloir se rendre au chevet des parents transportés à l'hôpital... et alimenter la haine qui les éloigne depuis tant de temps et contre laquelle ils ne veulent rien faire.

La caméra fait des allers-retours entre passé et présent, donne quelques billes sur le pourquoi du comment, sur cette guerre des egos, du chouchou, du privilégié, des rêves, des talents de ces frère et soeur à la personnalité forte, jette la responsabilité sur les parents, témoins qui auraient (vraiment?) dû faire quelque chose, s'insurger, stopper l'hémorragie. Autour de ces personnages qui tirent la couverture à eux, gravitent quelques personnages secondaires intéressants : Benjamin Siksou incarne le dernier de la fratrie, un peu écartelé dans cette guerre des tranchées, Golshifteh Farahani l'épouse de Louis, aussi marginale que lui mais toujours prête à le ramener à la réalité, et Zwy interprété par Timsit ami de Louis, de ce fait, brouillé avec Alice, un lien dans l'histoire, un rappel aux faits, à l'amitié, un témoin de l'avant et de l'après.

On observe progressivement la descente aux enfers de Louis et Alice, l'un dans ses penchants addictifs et l'autre par le biais des médicaments...

Et puis... une fois qu'ils ont bien souffert, bien pleuré, bien crié... ils se revoient et se pardonnent... et c'est comme si rien n'avait existé ou presque... ces deux personnages demeurent fragiles et toujours dans l'excès...mais semblent retrouver un peu de sens à leur existence et réussir à avancer, à retrouver des projets et vivre, l'un avec l'autre...

Aucune intrigue, une trame centrée sur les relations humaines qui tant peuvent faire perdre du temps, tant elles peuvent être une rivalité d'orgueil et priver les autres de dialogue, de temps bénéfique passé ensemble... la réconciliation arrive un peu comme un cheveu même si elle fait du bien... les images sont belles, les acteurs fragiles et détestables sont excellents, y compris Marion/Alice qui souvent m'agace, mais m'agace avec classe.