Fried Barry
5.5
Fried Barry

Film de Ryan Kruger (2020)

Eh bien, mazette quelle surprise ! J'avais vu ce machin vaguement passer au large et je m'en tartinais complet la nouille jusqu'à ce que je réalise, l'autre jour, que c'était le premier film de Ryan Kruger, le petit gars qui a pondu ça qui s'est attelé au remake du cultissime Street Trash. C'est donc avec une certaine curiosité que je me suis motivé à jeter un oeil à son premier film, grosso modo persuadé que j'allais trouvé ça turbo Z et que j'allais ainsi abandonner toute velléité de m'intéresser à son remake, aujourd'hui en post prod.

Eh bien, c'est l'inverse qui s'est passé ! J'ai adoré ce "Barry complètement frit" !

On suit donc les pérégrinations douteuses d'une sorte de Deny Lavant crado qui ressemble à pas grand chose, ou surement à des types cheulous que j'ai bien dû croiser en soirée. On a affaire ici à une grande bringue bien décalquée, un toxico pas aimable errant dans Cape Town, en Afrique du Sud, comme une âme en peine.

Un jour qu'il patauge dans son héro, il se fait enlever par des aliens ! Et lorsqu'il revient sur terre, son enveloppe corporelle est habitée par une créature d'une autre planète, curieuse d'en savoir un peu plus sur notre humanité.

Et d'emblée, le film surprend. Il y a clairement une vibe Combat Shock, mais en nettement plus réussi ! Car ce Fried Barry m'a rudement impressionné par sa facture technique. C'est bien foutu, bien cadré, ça grouille d'idées visuelles très chouettes, les sfx - physiques ou numériques - sont super bien gérés !

Donc, ce pauvre hère se retrouve a déambuler dans une ville qu'on découvre comme pas aimable, peuplée de crapules et de traines savates. D'agressions en agressions, de dépouille à l'acide en prises d'héro, Barry, complètement frit donc, se retrouve à la merci d'une humanité pas très sympa. Car si on pouvait imaginer que l'alien allait vouloir s'en prendre à notre planète, cette grande asperge au regard exorbité et aux gestes torturés se révèle comme la pauvre victime complètement larguée de toute cette histoire au fur et à mesure que l'on comprend que l'enfer c'est les autres. Un peu comme si la Guerre des Mondes voyait ses aliens terrassés par la méchanceté des gens plutôt que par le virus de la grippe. Eh oui. On croisera bien quelques personnages un peu moins vicelards que les autres, mais ce sont des exceptions dans un monde particulièrement violent et déprimant. Autour de Barry, il n'y a que des monstres.

Il y a aussi quelques nanas, qui tombent toutes sous son charme, obéissants, j'imagine, aux phéromones que doit dégager l'olibrius qui vient de loin afin d'assurer sa descendance. Bon, ce n'est pas très clair parce que plutôt que de nous fournir des informations concrètes, le réal préfère filmer son acteur en train de gesticuler comme un damné en balançant de l'électro pour chépers. Et il a plutôt raison

Au milieu du film, il y a une sorte d'intermission bizarre, un moyen pour le réal de nous dire que 2001 l'Odyssée de l'espace et Blade Runner comptent parmi ses films préférés. La scène est psyché à mort et c'est plutôt bien passé. J'ai également pensé à Rolf de Heer et à ses deux films d'extra terrestres. Enfin, surtout à Epsilon où une extra terrestre se promène aussi sur sur notre planète dans une longue balade contemplative. Bon, autant le De Heer est charmant, autant celui-là est craspec à fond. Y'a également des coups de coude à l'Armée des 12 macaques et à Vol au dessus d'un nid de coucou... mais tout ça est plutôt bien tricoté et y'a pas de souci à voir le jeune réal se faire plaisir.

Bon, c'est sûr, le film ne va pas bien loin et semble bien souvent s'arrêter à sa forme psychédélique de clochards. Mais c'est pas très grave, car cette promenade chez les gueux étaient franchement enthousiasmante.

Si Ryan Kruger est visiblement loin d'être un empoté, son Fried Barry bénéficie aussi de la performance de Gary Green, qui tient le film sur ses épaules avec sa tronche de cassos en jeans. Ca tombe bien, il sera à l'affiche de Street Trash !

Une chouette réussite, une bonne surprise et un film, finalement, plutôt feel good.

MelvinZed
7
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le 17 juin 2024

Critique lue 79 fois

Melvin Zed

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