Un ami ne doit jamais se sentir désolé
Grandement inspiré des Affranchis, que ce soit dans l'histoire d'amitié impossible ou dans la mise en scène Scorsese pur jus — ou encore parce qu'un mec passe le film à pencher la tête et plisser le front pour se la jouer Bob De Niro — Chingoo perd en cynisme typiquement coréen ce qu'il gagne en interprétation libre de Goodfellas. Les questionnements et dilemmes des protagonistes étant sensiblement les mêmes, balancés entre amitié d'enfance et réalité de vie de gangster, c'est davantage la dimension culturelle qui rend tout son intérêt à Chingoo. De 1976 à 1993, on suit avec les "friends" l'occidentalisation de la Corée, sa modernisation et le calque culturel en cours d'application. Le plus intéressant dès lors et de voir comment tout cela se traduit dans la mise en scène : Kwak Kyung-taek fait donc un double travail d'adaptation puisqu'il reflète le bouleversement culturel de son pays tout en utilisant ET moquant — car tout l'humour coréen ne s'est pas dissipé dans l'opération — le modus operandi américain. Le plus fou, c'est que dans l'entreprise, survit, plus qu'une satire, une histoire déchirante qui en plus de tirer une petite larme, donne au modèle un sacré coup de vieux.