Keaton détonne !
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Keaton travaille dans un théâtre, il en est l’homme à tout faire. Endormi chez lui il fait un rêve dans lequel un théâtre porte son nom. Sur l’affiche apparaît le titre Keaton’s Opera House :
Tenor solo – Buster Keaton ;
Song and dance – Buster Keaton ;
Asleep in the Deep – Buster Keaton (!)
et la liste égrène ainsi des dizaines de lignes.
Non seulement, son nom est le seul à apparaître sur l’affiche, mais il est aussi celui qui interprète tous les personnages visibles à l’écran : le chef d’orchestre, l’orchestre et ses musiciens, le public – y compris féminin qui s’évente avec un éventail à plumes ! Et de toutes les générations : des enfants aux personnes âgées.
Ici j’ai à faire une remarque, je ne suis pas chauvine, mais quand même il faut rétablir la justice. Dans son autobiographie, Keaton affirme que cela ne s’était encore jamais vu à cette échelle. Il faut en déduire qu’il ne connaissait malheureusement pas le travail du français Méliès qui plus de 20 ans auparavant avait réalisé cette prouesse technique d’apparaître démultiplié à l’écran et cela dans plusieurs courts-métrages dont : L’homme orchestre (1900) qui se rapproche le plus de ce court-métrage de Keaton dans lequel Méliès apparaît 7 fois ; mais aussi : Un Homme de tête (1898), L’équilibre impossible (1902), Le Mélomane (1903). On peut voir ma liste sur la multiplication de personnages, effet souvent utilisé au cinéma.
Autre remarque, derrière cette séquence, Keaton se moquait gentiment de Tom Ince, un réalisateur qui se prenait un peu trop au sérieux en s’accordant un maximum de crédit au générique… Ce genre de situation ne date pas d’aujourd’hui !
Sur la scène de The play house, Keaton parodie avec talent le rapport des musiciens à leur instrument. Tandis que dans le public, un spectateur (Keaton) s’adresse à une spectatrice (toujours Keaton!) en rouspétant : « this fellow Keaton seems to be the whole show »
Réveillé de manière brutale, il est arraché à son rêve et part travailler au théâtre. Il fait face au quotidien afin de pourvoir aux différents numéros, il est de toutes les parties. C’est ainsi qu’il va même jusqu’à singer un chimpanzé de manière convaincante. Keaton avait un véritable don d’imitation en plus de nombreux autres talents. Une autre séquence mettant en scène des zouaves donne lieu à de belles acrobaties, une autre séquence dans laquelle une fille est enfermée dans un aquarium qu’il faut finalement se résoudre à briser provoque une inondation spectaculaire dans le théâtre.
On ne s’ennuie pas une minute dans ce court-métrage qui fait certainement partie des meilleurs de Keaton. Il nous entraîne dans un rythme trépidant, qui ne se relâche pas un instant, et dans son univers fantaisiste.
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le 7 juil. 2022
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