L' Etat contre Fritz Bauer

Fritz Bauer, procureur du conté de Hesse, peine à clore ses dossiers sur les anciens nazis ayant échappé au système judiciaire. Tout l'establishment allemand, y compris bien sûr son milieu par nature étroitement lié au pouvoir, lui met des bâtons dans les roues.
Lorsqu'un rescapé des camps installé en Argentine le contacte par courrier, pour lui annoncer qu'il a reconnu Eichmann en la personne du père du petit ami de sa fille, Bauer doit à tout prix éviter d'ébruiter cette révélation, car ça n'aurait pour résultat que de provoquer sa fuite. Il est contraint de contacter le Mossad, bien que cela fasse de lui un traître (un traître à la patrie allemande, mein gott !) par accointance avec des services étrangers. Il va devoir les convaincre de la vérité de l'information, et pour cela faire appel à un enquêteur indépendant qui va dénicher l'enregistrement d'un entretien témoignage d'Eichmann à l'un de ses "corréligionnaires" (l'occasion d'entendre que loin d'être le rouage désintéressé d'une machine que nous décrivit Hannah Arendt en relayant ses allégations lors du procès ultérieur, il déplorait n'avoir pas achevé sa sinistre tâche d'éradication ethnique). Mieux encore, notre procureur constate que des nazis étant toujours à la tête des institutions politiques et économiques, rien ne s'oppose à ce qu'Eichmann bénéficie de la solidarité active de la grande maison Mercedes. Et effectivement, l' habitant de la modeste bâtisse d'Amérique du Sud, reçoit les émoluments de l'entreprise allemande. Bauer fournit ces détails supplémentaires au Mossad, contre l'engagement des autorités israeliennes de s'efforcer d'oeuvrer en faveur d'un jugement du criminel de guerre en Allemagne, afin qu'il fournisse les noms de ses innombrables complices et copains d'alors.
Hélas, Israel n'a pas intérêt à contrarier l'Allemagne, qui la fournit en armes. Eichmann sera donc jugé en Israel, où il balancera toutes ses salades à défaut des noms de ses vieux poteaux, et si Bauer réussit à poursuivre quelques sous-fifres, les chefs resteront en place. Il faudra attendre les jeunes gens entreprenants de la Fraction Armée Rouge pour faire un tout petit peu de nettoyage avec la racaille nazie (et prière d'avaler les salades sur le suicide en taule des RAF qui se sont fait choper).