Le chasseir solitaire
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le 10 déc. 2016
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D'ordinaire, je me contente de noter arbitrairement les films que je vois, sans prendre le temps de les critiquer. Il y a plusieurs raisons à cela : écrire prend plus de temps, je ne me sens pas vraiment légitime pour critiquer, etc, etc.
Pourtant, deux choses m'ont donné envie, cette fois-ci, de partager plus qu'une simple note.
La première étant que ce film est le deuxième, en quelques mois, à s'intéresser à un personnage dont personne ne connaissait l'existence avant 2014, date de sortie du premier film. La seconde n'est qu'un coup de gueule personnel concernant un détail qui, selon moi, a toute son importance: la traduction française du titre allemand.
Fritz Bauer est un procureur qui a oeuvré pour la dénazification de l'Allemagne après la seconde guerre mondiale (alors que cela était encore tabou dans les années 60) et qui a notamment permis l'arrestation d'Eichmann, afin que celui ci réponde de ses crimes devant la justice.
Un tel parcours est hautement suffisant pour mériter un biopic... voire deux!
Si le premier film ("Le labyrithe du silence") s'articule comme une pièce de théâtre (tensions intérieures à Bauer, tensions entre les personnages, climax, toussa toussa) et enjolive la réalité, afin de donner plus de relief au personnage, le second se centre davantage sur les faits historiques, mettant plus en avant les accomplissements de ce procureur pour son pays que ses aventures amoureuses.
Ce film est intéressant pour tous les férus d'histoire mais est esthétiquement et scénaristiquement (oui ce mot existe) un peu plat. Si vous êtes à la recherche de grandiose, je vous redirige vers le premier film.
Venons en à présent à ce qui m'a décidé à écrire ces quelques lignes: le problème du titre français. Je l'ai un peu évoqué dans une de mes listes (films vus en 2015) mais la traduction française du titre allemand est grossière.
Elle met sur un piédestal un homme qui a agi dans l'ombre car précisément, à cette époque, son travail était méprisé et n'avait rien d'héroïque. Un tel titre aurait mieux convenu au premier film qui se voulait plus dans la dramaturgie et tendait à montrer la grandeur du personnage.
Ici, on a en revanche un film qui traite d'un personnage historique de façon méthodique, un peu à la manière d'un documentaire; ainsi, "l'héroisation" n'est pas le but visé.
De plus, le gouvernement de l'époque (mené par Adenauer) comprenait d'anciens dignitaires nazis, ce qui a d'ailleurs motivé le travail de Bauer. Le procureur doit donc affronter une société politique d'après guerre qui cherche à évoluer sans changer ses acteurs. Cet affront, cette tension est très bien exprimée dans le titre allemand qui signifie "L'Etat contre Fritz Bauer" mais est délaissée au profit du concept vide de héros dans la traduction française.
Mon coup de gueule étant passé, ne vous arrêtez pas au titre pour aller voir ce film :)
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le 16 janv. 2016
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