From Hell fait partie de ces films que l'on vit pleinement au fur et à mesure du scénario. Les frères Hughes réussissent le pari de plonger le spectateur en immersion au coeur du Londres de la fin XIXe, dans une atmosphère pesante et frissonnante, bercée par une superbe BO et servie avec grand talent par une photographie exceptionnelle qui fait ressentir avec brio la noirceur et le côté sanguinaire de l'histoire. Avant tout il s'agit d'un film critique et militant, qui cible la société victorienne, qui fut parfois érigée en modèle de prospérité et de modernité. Les frères Hughes démontent ce mythe brio et nous emmènent dans un univers à la Dickens, où l'on entre vite en empathie avec ces déshérités de la Terre. Là où la visée du discours accroche moins, ce fut pour ma part dans la dernière demie-heure où les amateurs de la théorie du complot s'en donnent par contre à coeur joie. L'intrigue est vraiment bien ficelée dans la majorité du film, qui est tourné avec beaucoup de rythme et des scènes d'une violence suffisamment suggérée via des procédés proches du film d'horreur que l'on se prend totalement au jeu. Cependant la dernière demie heure me parait bien moins réussie, on comprend très (trop) vite quelle est l'identité de Jack l'Eventreur et la fin me laisse plutôt perplexe. Au niveau des acteurs, Johnny Depp, très jeune, est excellent dans le rôle d'un inspecteur dépendant de l'opium, guidé par ses intuitions et ses visions, Heather Graham apporte un touche d'humanité profonde et de tendresse alors que les seconds rôles comme Robbie Coltrane (Le fameur Zukovky de la saga Bond) apporte soit bonhomie et confiance soit mystère et frayeurs à l'image de Ian Holm. Un bon divertissement, rythmé, qui aurait toutefois pu bénéficier d'une fin plus soignée.