Sorti de l'enfer (titre québecois) fait partie d'une longue série d'adaptation cinématographique de la légende de Jack l'éventreur, mais a la particularité de s'inspirer de la bd d'Alan Moore, un auteur britannique prolifique et doué qui a redoré le blason des comic-books de ce côté-ci de l'Atlantique. Alan Moore, comme pour les autres adaptations de ses bds (Constantine, Watchmen, V pour vendetta) a complètement renié ce film, ne voulant pas en recevoir un centime. Le film n'est pas le nanar dont parle Moore, mais c'est pas non plus la panacée. Le Londres victorien est dépeint d'une façon théâtrale, un peu comme l'esthétique du Dracula de Coppola. C'est assez satisfaisant, mais le rythme de l'énigme qui se déroule comme un "whodunit" banal (à la différence de la bd de Moore qui se concentrait plus sur une description de l'époque et sur la psychologie des personnages) est assez raté. On a un produit assez moyen, où se passe tout ce dont à quoi on s'attend. Les parti pris scénaristiques (culpabilisation des francs-maçons, voire de la reine Victoria elle-même) n'apporte pas grand-choses au fait que la narration est trop linéaire. Les indices (comme les grappes de raisin) sont présentés de manières bien trop évidentes (est-ce historique ?). Ian Holm avec ses yeux noir est presque ridicule. Bref, ça se laisse voir parce que c'est quand même un film de gros calibre sur le sujet qui fait pas trop dans la caricature (à part Johnny Depp, qui a sûrement tenu à boire de l'absinthe et fumer de l'opium), mais n'espérez pas trop d'étincelles.