So long, you bastard !
En 1966, John Ford en est au crépuscule de sa carrière, Seven Women sera son dernier film de fiction, lui qui décédera en 1973, et pour ce chant de cygne, il se verra même relégué au fond des...
le 17 sept. 2018
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En 1966, John Ford en est au crépuscule de sa carrière, Seven Women sera son dernier film de fiction, lui qui décédera en 1973, et pour ce chant de cygne, il se verra même relégué au fond des studios, devant utiliser les décors restants des superproductions.
Ce n'est donc pas forcément anodin si une forte mélancolie traverse Seven Women, oeuvre où il montre qu'il peut aussi bien décrire un monde de femmes que d'hommes, toujours en mettant bien en avant les particularités, et failles, de la nature humaine. Il met ici en scène tant le choc des cultures via la mission américaine en Chine, que des mentalités, avec un étonnant et puissant face-à-face entres deux femmes aux mentalités opposées, quand l'une est de la vieille école et l'autre moderne et aventureuse.
Plus l’œuvre avance, plus elle devient dure, notamment avec l'arrivée des mongols. John Ford va autant étudier cette nouvelle opposition de deux cultures, que la religion et surtout les femmes et l'attirance que certaines auront entres elles. Quelques séquences sont vraiment fortes, notamment lorsque la jeune Sue Lyon attirera les convoitises, et par ce biais, le cinéaste américain se montre juste et talentueux pour dresser des portraits humains et psychologiques aussi captivants qu'ambigus. Il bénéficie ainsi d'une excellente qualité d'écriture, tant pour les personnages, qui sont parfaitement travaillés, que les enjeux ou dialogues.
Seven Women bénéficie d'une mise en scène forte et efficace, par laquelle John Ford parvient à créer une atmosphère forte, atteignant son pic, d'abord dans les séquences de huis-clos, puis dans le final, absolument superbe. On ressent dans son œuvre une influence forte du cinéma muet, notamment dans la prise de vue, et on ne peut que s'incliner devant la justesse du film, que ce soit pour sa mise en scène ou son propos.
Le cadre du film est passionnant, et Ford sublime le dépaysement ainsi que les différentes cultures et mentalités qu'il va étudier. L'image est sublimée par de jolis plans ainsi qu'un métrocolor assez beau malgré des couleurs parfois obscurcies. La bande-originale d'Elmer Bernstein est parfaite et toujours adéquate aux images, tandis que Seven Women bénéficie de remarquables comédiens, chacun sachant capter l'essence et les particularités de son personnage, et il en devient difficile d'oublier l'opposition entre la modernité d'Anne Bancroft et le conservatisme de Margaret Leighton, ni la jeune et jolie Sue Lyon.
John Ford ne tournera plus que des documentaires après Seven Women, et son dernier long-métrage est aussi ambitieux que réussi, déplaçant certaines de ses thématiques dans un monde de femme, dressant des tableaux humains aussi forts que captivants, le tout avec une justesse et intelligence dans le regard posé, ainsi qu'une forte mélancolie.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes La destinée de John Ford et Les meilleurs derniers films de réalisateurs
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le 17 sept. 2018
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