Frost tease

Visionner un film de Ron Howard c'est comme regarder un tableau de La Vierge à l'Enfant : c'est très beau, académique, bourré de codes, et on a l'impression de l'avoir déjà vu au moins 30 fois.
Frost/Nixon, loin de représenter une vierge et un enfant (ici s'arrête la comparaison), développe les faits survenus aux Etats-Unis, après le Watergate, dans la fin des années 70, lorsqu'un animateur vedette décide de reprendre sa casquette de journaliste et d'interviewer sur plusieurs jours Richard Nixon, l'ancien président démissionnaire.

Le but secret de Frost sera de pousser Nixon à demander pardon au peuple américain pour sa malhonnêteté et les abus de pouvoir dont on l'accuse. Le film est alors constitué en deux parties, la première montrant la préparation de cette interview somme toute hors du commun (imaginez Philippe Risoli interviewer Sarko dans trois ans en lui demandant s'il n'avait pas eu honte d'augmenter son salaire de 200% alors que les chiffres du chômage s'envolaient. Et encore, la comparaison est très faible.)
Cette partie du film est assez intéressante et se concentre sur le personnage de Frost, de son staff et plus accessoirement voire inutilement, de sa vie privée (mais nous sommes chez Ron Howard ne l'oublions pas). Le rythme est bon, et il est intéressant de voir comment ce journaliste a pu monter tout cela (financièrement notamment). La seconde partie reste tout de même le cœur du film, par l'interview en elle-même. Les deux acteurs sont vraiment bons, car beaucoup de choses passent dans leurs regards et postures. Le fait qu'ils sont des inconnus pour moi, m'a grandement aidée et permis de rentrer totalement dans le film.

Au final, Frost/Nixon a ce qu'il faut d'intérêt pour être qualifier de bon film. Il respecte les codes, Ron Howard est toujours aussi studieux et appliqué. Peut-être manque-t-il parfois d'audace mais il en faut des premiers de la classe.