Partisans du parti pris de la subjectivité, bonjour.
Ma critique, contrairement à ce qu'on pourrait croire ne comporte pas de spoiler.
J'allais voir le film en toute innocence, pas au courant que le héros serait abattu à bout portant face contre terre par un policier. Je l'ai perdue dès les première images du film, Coogler (le réalisateur) ayant cédé aux sirènes de la facilité ; il commence en effet son film en nous montrant l'authentique homicide filmé sur un portable par un témoin, ce soir de nouvel an 2009. Le film s'intéresse à la journée qui précède ce crime.
Commencer son film par la tragédie finale puis se lancer dans le quotidien de la victime pour mieux susciter l'empathie.. c'était bien joué Ryan (le réalisateur). Technique éculée et tellement foireuse que j'ai manqué quitter la salle dès la découverte du pot aux roses, soit après 5 minutes de film. Et tu ne t'arrêtes pas là! Pas avare quand il s'agit de toucher la corde sensible, tu nous fait bien comprendre que ce dealer et ex-taulard d'Oscar avait justement décidé ce matin même d'être un bon gas, un brave type dans le rang aimant sa famille et son prochain : on le voit chouchouter sa fille, sa copine et sa mère et leur dire "je t'aime" à toutes les trois une bonne dizaine de fois, jouer avec ses nièces et déconner avec ses oncles et sa grand-mère, être aimables avec la petite blanche en galère ichtyologique, filer gratos quelques grammes d'herbe à son client après avoir déversé sa réserve dans l'océan et s'être jurer de marcher dans le droit chemin... Même les animaux ont ses faveurs : il accompagne un chien fraichement écrasé dans la mort et drogue les crabes du pacifique avec sa beuh. Et quand on commence à aborder son séjour en cabane et qu'on se dit qu'on va enfin avoir un truc à lui reprocher, raté, c'est finalement pour insister sur le fait qu'il aime sa fille, sa copine et sa mère et blablabla... et que c'est le gros méchant blanc qui l'a bousculé le premier... Ce même blanc qui remettra ça quelques années plus tard dans la rame de métro, station Fruitval, déclenchant une échauffourée qui sera à l'origine de l'altercation avec les flics et de la mort d'Oscar. Vous l'aurez compris, le gentil est gentil et les méchants sont méchants. Au cas où ça ne serait pas suffisamment clair, Ryan clôt son film par les images des vrais protagonistes et un panneau nous apprenant que le flic meurtrier s'en est finalement sorti avec un homicide involontaire et onze mois d'incarcération sur les vingt-quatre prévus.
Sans arpenter le glissant chemin du révisionnisme (c'est une tragédie, Oscar était évidemment innocent), je trouve exécrable et lamentable qu'on insiste à ce point sur la victime et si peu sur le bourreau. Des têtes de méchants (la montagne Kevin Durand et la tronche d'aryens de Chad Michael Murray) ne suffisent pas à en faire des méchants. Les américains ont semble-t'il un deuxième Lee Daniels en réserve. Peut-être même un pire, encore moins fin que l'autre.
Partisans du parti du pris de la subjectivité, de la lourdeur et du mauvais gout, au-revoir.