Fuck For Forest est un docu intéressant, puisque dans l'intimité de quelques jeunes berlinois d'adoption qui essaient de perpétuer certaines valeurs soixante-huitardes voire hippies dans la société consumériste d'aujourd'hui : l'amour libre voire carrément exhibitionniste, l'objectif de faire de l'argent de manière désintéressée (les milliers d'euros engrangés par leurs vidéos pornos amateurs ne seraient utilisées que pour des buts caritatifs) puisque eux vivent dans une coloc, font de la musique de rue (pas terrible d'ailleurs) et font de la récup dans les poubelles des supermarchés pour manger (le fameux « déchétarisme » des alternatifs de nos sociétés occidentales). Ensuite leur voyage en Amazonie pour trouver des associations à qui donner leur argent et leur échec patent est là assez caricatural, mais parlant. Les protagonistes du film critiquant sur leur site le fait que le réalisateur se soit un peu foutu de leur gueule en ne montrant que cette scène qui était partiellement mise en scène, soi-disant.
En tout état de cause, ce film n'est pas particulièrement bien fait : on s'ennuie souvent, le son n'est pas toujours terrible, le montage n'a pas l'air très pensé, et au passage, ce n'est en aucun cas un film porno. Mais les questions que cette micro-organisation caritative met en exergue à travers ce film sont centrale dans la société. Quand on voit les réactions outrées face à ce film et à cette organisation, on se dit en pensant rationellement que c'est bien étrange mis en parallèle avec le nombre de visiteurs de YouPorn et le nombre de donateurs aux différentes associations caritatives. Il y a après l'aspect humain et relationnel de ces jeunes bonobos, esquissé vaguement dans le film, qui peut poser question. A-t-on le droit aujourd'hui d'imposer à des milliers de festivaliers l'exhibition d'un acte sexuel sur scène, comme ils l'ont fait au Quart Festival norvégien ? Tout ça pose des questions d'éthique sur la sexualité et la marchandisation, sur le rapport entre les différentes cultures aujourd'hui, qui ne peuvent que nous interroger, voire nous embarrasser. Oui on est bien à Berlin en 2013 !