Steven Soderbergh a eu une carrière cinématographique pléthorique. Néanmoins, celle-ci peut se résumer par les cinq films qu’il a réalisés entre 1998 en 2002. Cette période commence par Schizopolis et finit par Full Frontal.

Full Frontal est une sorte de version longue de Schizopolis. Imaginez donc un film avec la même dimension méta que son aîné, mais cette fois interprété par des acteurs très connus, par un réalisateur Oscarisé 2 ans auparavant pour un film bien plus classique et donc attendu par un grand public… Full Frontal est un pur moment de jouissance cinématographique dans la mesure où le plus grand réalisateur de sa génération décide de prendre une caméra DV, d’instaurer des règles dogmatiques et de s’amuser un peu avec le quatrième mur, la temporalité, les acteurs et les multiples niveaux de mise en abîme juste pour la beauté du geste et pour prouver qu’il peut réaliser des chefs d’œuvres populaires comme Hors d’Atteinte tout en se faisant plaisir derrière avec des ovnis comme ce Full Frontal.

Et Soderbergh se fait extrêmement plaisir avec ce Full Frontal. Non seulement il se cite constamment, comme dans l’avion du film dans le film où on retrouve Terence Stamp, encore dans son rôle de The Limey dans un fond de plan, mais il orchestre des séquences d’une virtuosité rare. Voyez plutôt : Blair Underwood et Julia Roberts sont des personnages de films. Le premier joue un acteur qui s’apprête à tourner une scène pour David Fincher (3e niveau). Non seulement remercie-t-il sans raison son assistante en chinois (comme les différentes langues dans Schizopolis) mais il finit par tourner dans ce troisième niveau de meta film. On entend un ”Coupez ! ” : ce n’est pas David Fincher, mais Steven Soderbergh qui coupe son propre film. Blair Underwood et Julia Roberts redeviennent les personnages de Full Frontal (ce qu’ils n’ont jamais interprété depuis le début du film, étant donné qu’ils étaient dans un film dans le film) tandis que David Fincher et Brad Pitt… discutent du 3e film (le film dans le film dans le film). C’est tout bonnement prodigieux. Tout le film est à l’avenant, culminant dans une soirée improbable dans laquelle Jeff Garlin joue Harvey, probably… Encore une jolie touche d’humour de la part du réalisateur qui peut remercier Harvey Weinstein pour sa carrière.

Parler de Full Frontal ne sert pas à grand-chose. C’est la suite logique de Schizopolis, tout aussi réussie. Une actualisation avec de meilleurs acteurs et un scénario encore plus exigent, porté par une vraie volonté de cinéma, une proposition qui ne satisfera que les plus téméraires d’entre nous. Et puis la musique est franchement géniale.
CeeSnipes
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Le titre ne ment pas et 30 films excellents que vous n'avez probablement pas vus.

Créée

le 16 févr. 2014

Critique lue 555 fois

CeeSnipes

Écrit par

Critique lue 555 fois

D'autres avis sur Full Frontal

Full Frontal
Fatpooper
6

Bienvenue à Hollywood

Plaisant. Le souci, c'est que ça ne mène nulle part. Mais ces segments de vie, ces personnages qui nous font découvrir Hollywood, sont plutôt intéressants. L'on trouve également assez de conflits...

le 6 juil. 2021

1 j'aime

Full Frontal
DanielOceanAndCo
4

Critique de Full Frontal par DanielOceanAndCo

J'aime beaucoup Steven Soderbergh mais c'est que lorsqu'il se lance dans des délires expérimentaux comme Full Frontal, il court le risque de mettre la majorité du public sur la touche et en...

le 1 nov. 2022

1 j'aime

Full Frontal
Caine78
5

Hollywood amateur

Début très original, intrigant : présentation des personnages sans qu'on sache exactement qui ils sont ou quelle place auront-ils dans le récit, introduction d'un faux film (a priori pas très...

le 15 mai 2019

1 j'aime

Du même critique

Orange mécanique
CeeSnipes
4

C'est facile, ça, monsieur Kubrick.

Stanley Kubrick est maintenant considéré comme un des plus grands réalisateurs de son époque. C’est assez malheureux car, malgré son grand talent indéniable, le critiquer est compliqué. ...

le 23 mai 2014

27 j'aime

13

Ring
CeeSnipes
4

Mortel ennui.

Certains pays sont reconnus pour leur cinéma d’horreur. L’Espagne, évidemment, les USA, toujours très bons, la France, pas très médiatisée et le Japon, le plus connu. Ring, le plus grand...

le 3 oct. 2012

27 j'aime

7

Les Ailes de l'enfer
CeeSnipes
10

C'est le meilleur film de tous les temps. Et vous le savez. Mais vous vous le cachez. Awefuckinsome.

Il paraît que Nicolas Cage faisait autre chose que des films d'action, jadis. En tout cas, je l'ai toujours connu comme actioner sur le retour mais sacrément bourrin. Les Ailes de l'Enfer (le titre...

le 28 août 2011

23 j'aime

4