Sept ans après avoir terrorisé le monde entier avec son adaptation du best-seller de Stephen King, The Shining, Stanley Kubrick s'attèle à un autre genre, celui du film de guerre, qu'il avait déjà abordé en 1957 avec le controversé Paths of Glory.


Inspiré par le RAS de Yves Boisset et surtout par les écrits de Gustav Hasford et Michael Herr (qui oeuvreront sur le scénario même si le premier sera écarté une fois la production lancée), Stanley Kubrick s'attaque au thème encore brûlant du conflit vietnamien, arrivant cependant bien après des titres populaires tels que The Deer Hunter, Apocalypse Now, Platoon ou bien encore Hamburger Hill.


Clairement scindé en deux parties bien distinctes, Full Metal Jacket nous familiarise dans un premier temps avec de jeunes recrues en pleine formation à Parris Island. Rythmé par les jurons du génial R. Lee Ermey (qui fut un véritable instructeur dans le Corps des Marines), ce premier segment permet au cinéaste de pousser à une échelle bien plus vaste sa thématique du conditionnement qu'il avait déjà abordé lors de son cultissime Clockwork Orange.


Ou comment transformer un simple citoyen en machine de guerre, étouffer tout sentiment de révolte, toute idée de libre pensée, d'anticonformisme, briser l'être humain pour n'en laisser que de la chair à canon bonne à servir ce bon vieil Oncle Sam. Un regard glacial et sans concession, parfaitement incarné par le destin tragique du personnage campé avec puissance par Vincent D'Onofrio.


Vient ensuite le front, reconstitué d'une façon plus fantasmagorique que réaliste, véritable purgatoire d'âmes damnées partagées entre posture désinvolte et sarcastique, folie et rage sanguinaire. Une seconde partie étrange, inconfortable et violente, proche du cauchemar éveillé. En grand formaliste qu'il est, Kubrick accouche d'images perturbantes, aussi hypnotiques que dérangeantes, instaurant une ambiance pesante qui ne lâchera plus le spectateur avant que les Stones ne viennent leur exploser les tympans.

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le 5 janv. 2017

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Gand-Alf

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