31 octobre. De John Carpenter à Vendredi 13, les cinémas à proximité ne proposent une expérience un peu trop conventionnelle du cinéma d'Halloween. Depuis La Nuit des morts-vivants, le film de genre horrifique, celui qui met le spectateur dans une situation inconfortable, impliquant ses peurs et ses terreurs nocturnes, a de plus en plus de mal à se renouveler. Rien qu'à voir cette mode du jumpscare peu inspiré et ultra -un peu - prévisible, difficile de se dire qu'on assistera à une expérience nouvelle lorsqu'on prend son ticket et ses pop-corns pour aller voir un film d'horreur. Même en allant dans les salles d'art et d'essai, on se satisfait d'une réussite narrative et horrifique qui ne reprend pas les bassesses de la saga The Conjuring (coucou It Follows) mais on ressort de la séance avec un arrière goût de déjà vu.
C'est Halloween et il me fallait un film de circonstance sans pour autant anticiper la moindre situation d'horreur avec minutie. A force de ne plus vouloir s'infliger des sursauts impromptus, des atrocités dérangeantes, je suis devenu un professionnel en la matière. Il fallait trouver une autre expérience : la fascination dérangeante.
En lisant le synopsis de Funny Games, beaucoup de potentiel s'en dégageait et pourtant, j'étais loin de me douter que je puisse me retrouver fasse à l'antipathie moderne du jusqu’au-boutisme du gosse de riche qui s'ennuie tellement qu'il cherche n'importe quel moyen de se divertir. Insupportable me direz-vous. Tout à fait, mais la réalisation va au-delà jusqu'à briser les codes d'une histoire de deux petits bourges de merde qui torturent une famille idéale par futilité.
C'est carrément un film d'horreur sans l'horreur lorsque le long-métrage occulte la musique (à l'exception d'un générique et d'un final à coups de chants gutturaux, ) exclut la violence physique du champ et achève l'inquiétude par des longueurs qui donne à l'oeuvre toute sa saveur.
Car c'est de l'affligeante banalité du quotidien de ce ménage modèle partant en congé au bord d'un lac qu'on nous offre ce qu'il y a de pire. Il suffit d'un (puis de deux) adolescent(s) vient(nnent) demander quatre oeufs à la mère de famille pour entrer dans un cycle infernal fait de torture plus psychologique que physique.
Pire encore, nous pouvons considérer que l'oeuvre elle-même prend un malin plaisir à vous torturer lorsque le petit con vous rend complice des déboires de George, Junior, Anna et le chien en explosant le quatrième mur à coups de club de golf.
Ce film est une torture réussie, et Halloween était l'occasion rêvée pour le visionner.