Dans une époque où Hollywood reboot ou remake à peu près tout ce qui passe à sa portée, je me suis dit qu’il pouvait être intéressant de voir comment un réalisateur se chargerait de faire le remake de son propre film dix ans plus tard et sous la houlette des studios américains. La première constatation, c’est que bien qu’un poil inférieur à l’original, Funny Game U.S. fait partie de cette espèce rare de « bon remakes ». La seconde, c’est que j’ai été surpris de voir Hollywood permettre à Haneke de faire un remake pratiquement plan par plan de son propre film, en gardant exactement la même trame narrative, à quelques adaptations près.
Donc oui, le concept est exactement le même et l’histoire et exactement la même. Par conséquent, quand le premier nous a aussi intrigué et marqué qu’il l’a fait avec moi, on ne peut que prendre une nouvelle baffe avec ce remake. Les principales différences joueront sur le contexte même : décors américains, références américaines… Mais ce que ce film nous montre, c’est que le cœur même du récit fonctionne aussi bien, quel que soit le contexte. On pourrait même dire qu’il prend ici une tout autre dimension, quand on sait la relation qu’entretiennent les États-Unis avec la violence. Et c’est ce qui rend ce film tout aussi intéressant. Après, je conçois qu’il n’y a pas forcément intérêt à regarder les deux coups sur coup.
Le casting s’adapte également au contexte, même si les personnages restent fondamentalement les mêmes. C’est intéressant de voir ici et là les petites nuances de jeu des différents acteurs, que ce soit dans les regards, la gestuel, la position du corps, par rapport à l’original ; comment si l’approche américaine et européenne était différente. Idem pour l’aspect technique. L’utilisation de la musique est la même, et les décors sont adaptés également au concept. La mise en scène est donc une copie plan par plan, mais quelque chose dans la dynamique rend la patte plus américaine que l’original (ou bien est-ce tout simplement l’évolution technique en dix ans).
Funny Games U.S. est donc un bon remake. Le fait d’être une transposition de l’originale dans un autre contexte n’amoindrit pas son message, au contraire. Les deux films méritent de s’y attarder, mais clairement pas en même temps. Et au final, se limiter à la version américaine ne dénaturera l’appréhension par rapport au concept.