Casse encore mon quatrième mur et je te casse autre chose
C'est bien joué et joliment mis en scène, avec des plans séquence qui feront plaisir aux inconditionnels, mais c'est à peu près tout. Oh wait, on maltraite des enfants, aussi, et le début est une belle réussite, quand le film bascule lentement vers le thriller, très poliment.
Passé ce prologue, Funny Games est d'une longueur règlementaire mais d'une vacuité hors norme, avec un rythme laborieux qui laisse l'impression tenace qu'il ne s'y passe pas grand chose et que le spectacle était finalement assez creux.
Par cette lenteur, Haneke construit une ambiance lourde et oppressante où les personnages passent de la peur au désespoir, à grand renfort de torture psychologique (toute violence physique est systématiquement hors-champs) et cet aspect du film est indéniable réussi, avec deux grosses réserves qui ruinent tout :
- C'est terriblement long. Je veux me faire rembourser au moins une de ces deux putains de heures à voir ces deux cons boucler sur leur trip dillué au possible qui n'avance jamais vraiment et à s'égarer dans de vaines diatribes dont on a pas grand chose à carrer.
- Les cassage de quatrième mur dans un film pareil (personnages qui s'adressent au spectateur, le coup de la télécommande), c'est peut-être très audacieux et original mais à mes yeux, ça reste un fail total, qui me pourrit ma suspension d'incrédulité (ah ouais, la VF de cette expression est plutôt badass). Je n'ai rien contre le procédé dans une comédie où je ne cherche pas à m'immerger, mais passer 2h à faire monter une tension et une ambiance pour la flinguer à intervalle régulier de la plus foireuse des manières, il faudra qu'on m'explique quel procédé dramatique ou narratif justifiait ça.
Au-delà de ça, je peux comprendre qu'on apprécie le gimmick ou qu'on puisse passer outre et j'imagine que le film peut être perçu comme une expérience amorale et singulière, même si je n'y ai pas été personnellement sensible. Ce n'est pas ce qui le rachète mais ça lui sauvera quelques points.
Je ne suis pas vraiment rentré dedans, et quand je rentrais, le film me faisait sortir. Bah, qu'il se démerde s'il ne veut pas de moi mais qu'il ne s'étonne pas de se faire saquer.