Pour son avant-dernier film William Wyler s'embarque dans un registre avec lequel j'ai beaucoup de mal en temps normal, la comédie musicale, et sans surprise "Funny Girl" se situe du côté de ce temps normal. Il y a même une circonstance aggravante à vrai dire, puisqu'il s'agit d'un biopic (autre genre usuellement casse-gueule) sur une actrice et chanteuse américaine dont je n'avais jamais entendu parler, interprétée par Barbra Streisand qui parvient à conférer toute l'hésitation et tout le manque d'assurance requis par le personnage pour illustrer sa transformation. Mais il y a à mes yeux un gros problème dans ce portrait : indépendamment de la véracité de la chose, une fois posés les termes de son affirmation et une fois établie sa relation avec le personnage de Omar Sharif (lui aussi inspiré d'une vraie personne), il en résulte une succession de motifs absolument affreux qui montrent cette femme et ses fantasmes matériels ou romantiques dans tout ce qu'ils ont d'infantiles et de superficiels. Bref, un torrent de guimauve qui est déversée pendant une durée écœurante qui plus est, 2h30 de torture de ce point de vue-là.
Et comme à titre personnel je n'éprouve aucun plaisir devant l'immense majorité des scènes musicales, cette histoire d'une femme rêvant de devenir actrice paraît bien pénible. Entre l'imprésario joué par Walter Pidgeon (rien à déclarer franchement) et son amant Sharif pour qui elle éprouve des sentiments sans qu'on ne comprenne vraiment d'où ils sortent (le gars n'a pas vraiment de prestance, il est accroc au jeu, c'est un flambeur professionnel, etc.), on a vite fait de se désintéresser de son sort. Je n'ai même pas pu accéder à la part du discours qui s'attaque au dépassement d'un physique un peu particulier (disons en peu de mots que tout est concentré dans le léger strabisme convergent et le nez-patate de Barbra) pour accéder malgré tout au statut de célébrité. Personnellement je trouve cette démonstration romantique engluée dans son académisme de mise en scène et ses conventions narratives. C'est du luxe qui se complaît dans sa bouillie de clichés et qui suit sagement des rails du début à la fin.