Nous regretterons qu’Alien Nation ne soumette son postulat pourtant intrigant, celui d’une cohabitation forcée entre un inspecteur humain et un autre humanoïde pour remonter la piste d’une organisation de malfaiteurs, qu’à l’épreuve d’un buddy movie sympathique mais simpliste. Le scénario privilégie en effet les interactions d’abord hostiles puis progressivement amicales des deux protagonistes, ce qui contraint l’intrigue politique, sur fond de drogue et d’esclavage minier inhérent à la mémoire extraterrestre, à se cacher au second plan. Nous percevons rapidement les limites de cette focalisation, puisque la camaraderie gentillette finit par ne plus rien dire ni de l’enquête menée ni des tensions qui gouvernent la société futuriste, à l’inverse du génial Blade Runner (Ridley Scott, 1982) qui menait à bien sa réflexion sur la distinction entre homme et machine en l’incarnant dans la quête solitaire et désincarnée de Rick Deckard, ou du récent Bright (David Ayer, 2017).
La thématique du vivre-ensemble est traitée superficiellement, celle de la corruption des puissants manque de subtilité ; l’univers urbain, oscillant entre la science-fiction et le polar, renvoie une impression de déjà-vu et manque d’incarnation, la faute à une photographie et à une topographie sous perfusions Blade Runner, à une musique peu mémorable – la partition proposée par Jerry Goldsmith et rejetée lors du montage apportait au contraire une étrangeté précieuse.