Le sport il a changé. Le basket, le foot, et la boxe ne font plus bander. Pour se réinventer et réguler le taux de criminalité dans les banlieues, un entrepreneur a eu l’idée d’inventer un nouveau sport alliant vitesse, saut en hauteur, tactique, agilité, roller, hoverboard volant, contact rugueux et affrontement à la barre à mine. Son nom : le Futuresport soit le sport du futur pour les non anglophones. Un nouvel opium qui permet de contrôler les masses et de catalyser les frustrations d’une population qui s’extase devant cette violence brutale. Evidemment comme tout sport populaire, celui-ci a fini par être professionnalisé et pervertit par ses principaux acteurs et créanciers. Les joueurs sont donc des gladiateurs des temps moderne, oeuvrant en équipe pour aller marquer un but dans le trou adverse. Pas de règle du hors-jeu à l’américaine qui serait trop compliqué à assimiler pour les non-initiés, mais la balle s’électrifie néanmoins au bout de 5 secondes de manière à obliger le joueur à la passer à ses coéquipiers. Cela n’empêche pas certaines têtes brûlées de tenter crânement leur chance au risque de faire perdre leur équipe. Tre Ramsey est au Futuresport ce que Ronaldo, Messi et Mbappé sont au ballon rond avec ce que cela comporte de crise d’égo mal placé. Un champion qui peine à se remettre en question et dont la côte de popularité va baisser à la suite d’une erreur qu’il lui fera perdre la saison. Mais toutes ces raclées et coups flanqués dans l’arène ne seront rien en comparaison des règlements de compte orchestrés dans des conférences de presse interposées où il est de bon ton de provoquer publiquement son adversaire, de l’humilier et de le rabaisser plus bas que terre, ce qui va a l’encontre même des principes et valeurs fondamentales du sport.
Après une décennie plutôt prolifique pour lui, Wesley Snipes a créé sa propre société de production (Amen Ra Films) avec myriade de titres dont les plus connus restent ceux de la saga Blade. L'acteur afro-américain se contentera d’un rôle secondaire, celui d’un mentor pour laisser l’occasion à une autre star de briller. En l’occurrence, il s’agira de Dean Cain l’ancien Superman de la série Loïs & Clark qui écumait alors les premiers rôles et apparitions dans des films d’action destiné aux étales des videostore. Ça du moins c’était avant que ce dernier ne se mette à charmer les ménagères dans les téléfilms de noël pour arrondir ses fins de mois. Il interprète donc un joueur star qui a pris tellement de hauteur dans les grattes ciels de la ville, qu’il ne sait même plus où il met les pieds. Et il lui faudra donc naturellement recevoir une leçon d’humilité pour revenir plus fort. Sa rédemption, il la trouvera dans le contexte géopolitique particulièrement instable du pays qui occupe le background scénaristique du film. Il lui faudra donc combattre l’oppression nanarde en organisant un match d’exhibition entre les deux puissances mondiales, débiter de beaux discours inspirants, faire semblant d’être empathique avec les enfants et groupies qu’il n’hésite pas à dégager dès que la lumière n’est plus braqué sur lui, ou bien sauver des vies uniquement dans le but de gagner en notoriété et de reconquérir le coeur de son ex copine journaliste. Le futur dépeint par Ernest Dickerson a tout du Blade Runner du pauvre. Un ballon dirigeable affublé d’un écran géant exhorte les populations à consommer. Des néons éclairent les quartiers ghettoïsé où l’on fait cuire le poulet à la broche à proximité des déchets et tas d’immondices.
Futuresport se dote ainsi d’une critique acerbe sur l’individualisme forcené d’une société et des dérives engendré par le consumérisme et le star-system. Finalement Ernest Dickerson va même a rebours de l’oeuvre de Norman Jewison faisant du combat d’un héros narcissique le creuset d’une union sacré qui apparaît complètement utopique, là où Rollerball derrière ses apparats de grands trusts tout puissant faisait remporter l’individualisme d’un homme sur un collectif indéboulonnable derrière lequel se réfugiaient une poignée de rupins despotique. Dôté d’un budget d’à peine 9 millions de dollars (on est donc loin des 70 millions accordés à John Mctiernan pour son remake de Rollerball) Futuresport ne s’avère en revanche pas aussi efficace dans ses séquences d’action elliptique bardé d’images de synthèse, qui ne permettent pas vraiment de saisir la violence de ses affrontements, la vitesse et l’euphorie galvanisante que pouvait refléter de tels enjeux sportifs et sociétales. En 75, l’Amérique était en pleine mutation et connaissait de nombreux mouvements sociaux. À l’orée du nouveau millénaire les préoccupations étaient d’avantage liés à l’utilisation des nouvelles technologies. Mais la criminalité a également atteint des taux records dans certaines grandes villes du pays. De plus, les années 90 sont également celles de l’émergence de certains groupe terroristes. Comme dans le monde d’aujourd’hui, les enjeux politique majeur vont donc se régler sur le terrain du sport (Les Coupes du Monde en Russie et au Qatar, les JO de Paris), puisqu’il suffit de gagner un match ou un tournoi pour faire oublier la guerre, le coût de la vie et la montée du fascisme. Ainsi, le match de gala opposera L’Amérique du Nord, camp du bien, libre et civilisé et de l’autre le Commonwealth dont l’équipe est constitué de païens, de tueurs sans pitié et de gueules cassés. Entre les deux, mon coeur balance. Evidemment, le réalisateur ne nous épargne pas le traditionnel chantage du che guevarra haïtien (interprété par un blanc de bonne famille) qui tentera de contraindre notre champion d’arranger la rencontre en enlevant sa copine. Mais à la fin, les gentils occidentaux gagneront les doigts dans le nez avec grâce, panache et fair-play, tandis que les méchants n’auront plus qu’à se les carrer dans le cul en révisant leur jugement.
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