Surnommé « le festival de luxe qui a viré au “Hunger Games” » (Slate), le Fyre Festival est depuis quelques jours dans toutes les bouches. Presque deux ans après avoir eu lieu, l’événement cauchemardesque vient d’avoir droit à un documentaire sur Netflix. Une consécration pour ce festival, véritable farce marketing, qui mérite toute notre attention.
Des clichés d’eau turquoise dans laquelle Bella Hadid, Helsa Hosk ou Emily Ratajkowki courent au ralenti. Du sable fin avec lequel les mannequins les plus en vogue du moment s’amusent. Des inconnus bronzés et souriant qui profitent de leurs jetskis et de leur villa privée avant d’aller voir un concert de Blink-182, Major Lazer et Disclosure. Sur le papier, le Fyre Festival avait tout pour être parfait. Mais tout ne s’est pas passé comme prévu. Le rêve s’est rapidement transformé en cauchemar, tant et si bien qu’après quelques heures les festivaliers ont dû se battre pour rentrer chez eux.
Le point fort de FYRE : LE MEILLEUR FESTIVAL QUI N’A JAMAIS EU LIEU réside avant tout dans son fond. Au fur et à mesure du documentaire, alors que l’on pense que l’évènement et ses organisateurs ont touché le fond, ils trouvent un moyen de creuser encore plus loin. Au départ, Billy MacFarland et Ja Rule souhaitaient organiser un festival de luxe sur l’île privée de Pablo Escobar. Les invités devaient venir en jet privé, les logements allaient de la tente rustique à la villa privée et les tickets allaient jusqu’à 49 999 dollars.
En 48h, ce « rêve pour loosers et pour l’Américain moyen » (Billy MacFarland), était complet. Cependant, le plan ne s’est pas vraiment déroulé comme prévu. Les tentes humanitaires de l’ouragan Matthew ont finalement été utilisées, aucune villa n’était disponible et aucun concert n’a eu lieu. Ajoutés à cela, une intervention de la mafia et l’absence de nourriture et d’eau. Sans, en dire plus, il suffit de retenir que ce documentaire repousse les limites de l’impossible et de l’imagination.
We couldn’t differenciate what was true and what wasn’t true.
Côté forme, FYRE : LE MEILLEUR FESTIVAL QUI N’A JAMAIS EU LIEU n’a rien d’extraordinaire si ce n’est l’utilisation d’images exclusives de certaines scènes de survie des festivaliers sur l’île. Une forme visuelle facilitée par les influenceurs qui avait été invités et grâce, ou à cause de qui, ce dernier fut sur-publicisé. À leurs côtés, d’anciens employés de FYRE Media et de FYRE festival témoignent de la genèse de l’évènement qui selon eux était dès le départ « organisé à l’arrache et trop publicisé. »
Le scandale de leurs témoignages atteint son climax avec l’histoire d’Andy et de la façon dont on lui a demandé de se sacrifier pour récupérer de l’eau. Dès lors, le retour n’est plus possible, l’histoire est si ahurissante et incroyable qu’eux-mêmes n’arrivent pas à s’empêcher de rire face à la caméra. Leurs témoignages sont entrecoupés des paroles des festivaliers, de schémas ainsi que de captures d’écran attestant les faits.
En octobre dernier, Billy McFarland, le co-fondateur du festival a écopé de 6 ans de prison et les festivaliers n’ont toujours pas eu une trace du retour de leur argent. En dévoilant les coulisses d’une organisation incroyable (et inexistante) faite à gros coup de réseaux sociaux et de publicité mensongère, FYRE : LE MEILLEUR FESTIVAL QUI N’A JAMAIS EU LIEU ne pourra pas vous décevoir. De même qu’il n’a sûrement pas déçu des festivaliers s’attendant à vivre l’expérience d’une vie, ont vu leurs attentes se réaliser, mais sûrement pas pour le meilleur.
Sarah Cerange
https://www.leblogducinema.com/critiques/critique-dvd-ecinema/fyre-festival-quand-le-reve-tourne-au-cauchemar-critique-874239/