On ne saura jamais ce qui s’est passé pendant la production de G.I. Joe Conspiration. Prévu en août 2012, le film avait largement commencé sa promo quand un report de plus de six mois a été annoncé, officiellement pour lui permettre d’être converti en 3D. Mais pourquoi infliger ce traitement au film de Jon Chu si près de sa sortie et avec tout l’argent déjà dépensé en affichage. Deux raisons ont été évoquées. La première aurait été que le film était tout simplement mauvais. La seconde, c’était la popularité grandissante de Channing Tatum. Au moment de Rise of the Cobra, le comédien n’était alors qu’un petit jeune montant mais il a fait ses preuves par la suite et a su se faire apprécier du public. Paramount aurait alors décidé de l’inclure dans le fil, alors qu’il était censé mourir dès les premières minutes.
Mais il semblerait qu’ils n’y soient pas parvenus. Sont-ils alors revenus au montage initial voulu par le metteur en scène ou quelque chose d’approchant ? Ca semble être le cas au vu du résultat final.

On n’aura sans doute jamais le fin mot de l’histoire mais une chose est certaine : G.I. Joe Conspiration est, contre toute attente, une réussite.

G.I Joe, à l’origine, est une série de comics créé pendant les années 40 mettant en scène une compagnie de soldats américains (le film Les Forçats de la Gloire avec Robert Mitchum en est vaguement inspiré). Mais c’est dans les années 80 que G.I. Joe deviendra populaire à travers une série d’animation et une large gamme de figurines conçues par Hasbro qui remplissent peut-être vos greniers. On y suivait une unité d’élite de soldats. luttant contre l’organisation terroriste Cobra.
Le film de Stephen Sommers sorti en 2009 reprenait cette histoire, s’inspirant des jouets et de la mythologie de l’univers depuis multi-décliné pour faire une origin story. Le film avait un certain cachet pour les fans de la license mais le réalisateur de la Momie ne sachant pas trop quoi faire de ses personnages il lorgna vers la science-fiction, insufflant à l’univers une dose de high-tech globalement inutile.
Jon Chu, lui, a préféré revenir aux fondamentaux.

Conspiration reprend là où le Réveil du Cobra s’est arrêté : Zartan a pris l’apparence du Président des Etats Unis et le reste de Cobra a été capture sauf Storm Shadow laissé pour mort. Les G.I Joe font leur boulot, avec Duke (Tatum) désormais à leur tête et épaulé par une bande de petits nouveaux dont Dwayne Johnson en Roadblock. Comme attendu et montré dans les différentes bandes annonces, ils se font attaquer sur ordre du Président qui leur reproche un meurtre qu’ils n’ont pas commis. Et comme prévu, le personnage de Channing Tatum y passe.
Sans doute contrairement à ce qui avait été envisagé au départ, tout est fait pour que le spectateur se sente impliqué dans ce moment tragique : duo comique façon buddy movie avec The Rock, scène au domicile de ce dernier et une introduction en forme de scène d’action assez inutile. Le seul but de tout cela était de rappeler le personnage, son leadership et le coté « bande de pote » qu’il formait avec son équipe. On sent que certaines scènes ont été ajoutées pour renforcer le coté malheureux de son décès et la soif de vengeance qui anime ses petits camarades.

A partir de ce moment va démarrer une longue scène d’action… de la durée du film. Le scénario est prévisible de bout en bout et les scènes de présentations sont réduites au strict minimum (le passage où Jinx est présenté est une courte ligne de dialogue … et c’est tout). Certains passages sont d’ailleurs là uniquement dans ce but : retirez la sous-intrigue où Snake Eyes part à la recherche de Storm Shadow dans d’obscures montagnes asiatiques et vous verrez que l’histoire n’en est pas modifiée pour autant. Par contre, ça permet au réalisateur de tourner une impressionnante scène de combats entre ninjas à flanc de montagne. Le passage, de haut vol, n’a d’ailleurs pas vraiment de sens géographiquement parlant et est assez blindé d’incohérences de lieux.

Mais il est à l’image du reste du film : on n’en à rien à foutre. On vient voir des scènes d’action et sur ce point on n’est pas volé. Jon Chu, connu pour avoir tourné des films de danse, manie aussi bien la caméra qu’il s’agisse d’une chorégraphie artistique ou militaire. On en prend plein les yeux et en on redemande, de là à passer sur plein de détails brouillons dans l’histoire et un montage parfois bancal (les passages d’une scène à l’autre au début du film sont bien pénibles).
Tout est prétexte à faire briller les yeux des spectateurs : le petit short ou la robe moulante de la délicieuse Adrienne Palicki, le face à face Firefly Roadblock où ils se tirent dessus à bout portant, les rares apparitions d’un Bruce Willis bien meilleur que dans le dernier Die Hard ou les utilisations d’engins bien connus des collectionneurs de jouets comme l’hydroglisseur ou l’hélicoptère monoplace Cobra.

On notera enfin une très belle erreur de traduction. Lors d’une scène (foutue n’importe comment d’ailleurs) où les dirigeants du monde utilisent leurs mallettes nucléaires respectives, la version française comportement les boutons « bras » (« arm » en anglais, qui aurait dû être traduit par « armement) et « avortement (« abord » ou « annulation »), ce qui ne manquera pas de provoquer quelques rires dans les salles.

La production de ce deuxième volet a donc été un bordel sans nom. Quand on y repense d’ailleurs, pourquoi avoir cherché à faire mourir Duke pour le remplacer par Flint (D.J. Cotrona, insipide) alors que ce sont deux personnages similaires dans la mythologie ? Pourquoi avoir fait appel à Bruce Willis à la dernière minute alors que Robert Remus, un célèbre catcheur connu pour interpréter le G.I Joe Sergent Slaughter sur les rings, avait été pressenti ? Pourquoi toute cette pagaille autour de Tatum et de la conversion 3D (très réussie d’ailleurs) ? Pourquoi Snake Eyes n’a-til toujours pas de loup à ses cotés ? On en saura sans doute jamais rien.

Mais ce qu’on sait, c’est que l’action décérébrée, quand c’est bien fait, on aime ça. Contrairement à plein de tentatives récentes mal branlées (coucou John Moore), G.I. Conspiration s’en sort avec les honneurs. Et on n’en tire que du plaisir.
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le 25 mars 2013

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