In nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti. Amen.
Andy Whitfield est décédé il y a quelques jours, et il était normal, suite à cette tragédie, de revenir sur le métrage qui avait révélé l'acteur.
Évidemment, nous n'en feront pas un film posthume comme ce fut le cas pour The Dark Knight, mais nous en parlerons pour ce qu'il vaut. Et qu'est-ce qu'il vaut ? 150.000 euros. Oui, c'est bel et bien le budget anorexique de cette production aux décors presque entièrement en CGI et atteignant pas loin de deux heures. Ça pourrait paraître être du suicide, mais malgré tous ses défauts (car il en a), il réussit néanmoins à s'en sortir honnêtement, sans non plus être inoubliable.
Ça et là les gens n'ont cessé de le comparer à Matrix, or il n'a ABSOLUMENT RIEN à voir avec. Aujourd'hui, il suffit de cuir et d'obscurité pour être dit « à la Matrix », or du cuir, la nuit totale, des tattoos, du gore, du nauséabond, des putes, des clodos, des gens qui se piquent à l'héro, un grand roi de la pègre et un héros qui lit les pensées en touchant les gens, ça ne me fait pas du tout penser à Matrix, mais à un film sorti quelques années plus tôt, The Crow (le premier, et puis un peu le second aussi).
Nous sommes donc à deux doigts du plagiat, et hormis le fait que notre héros ne soit pas revenu d'entre les morts, mais des cieux, il veut tuer les méchants et sauver sa bien-aimée, ce qui est globalement la même chose que dans le film sus-nommé.
Rien de très original donc, si ce n'est que ça parle beaucoup pour ne rien dire, et que pour lier entre elles ces scènes de blabla, le réalisateur nous a placé des scènes d'actions qui sont globalement correctes. Les chorégraphies sont satisfaisantes, empruntant beaucoup au aïkido, et le gore s'impose plutôt bien durant les gunfights, nous servant quelque chose d'aussi violent qu'un Mad Max. Niveau effets-spéciaux, les incrustations sont dans leur globalité acceptables, tout comme les travellings de caméra dans la ville en CGI, ainsi que les explosions. Il n'y a bien que les effets de slow-motion qui nous fassent hésiter entre y trouver un plaisir déviant à les voir, ou simplement pouffer de rire.
Bref, Gabriel est un film qui se laisse regarder, malgré ses phases d'ennui. On ne peut pas nier que l'on ressente une volonté de bien faire, car avec aussi peu de moyens on se doute du salaire de misère qu'ont dû avoir les opérateurs VFX ainsi que tous les autres intervenants. Si visuellement le professionnalisme est de mise, on sent que l'écriture et la direction manquent de maîtrise, le tout étant trop long, trop mou, pas assez inspiré (si ce n'est de The Crow, et puis aussi La Cité des Anges pour la façon dont doivent repartir ceux-ci), et finalement si ça n'avait pas pêché à ce niveau là, ce Gabriel aurait pu s'élever bien plus haut dans les cieux.
Le seul véritable intérêt aura donc été Whitfield, qui en impose dans son personnage, et dont le talent aura été étouffé par un personnage un peu trop bourrin et beaucoup trop cliché.
Pour conclure, les amateurs de films « à la The Crow » ou « à la Legion » (car Legion lui aura piqué ensuite quelques trucs) auront sous la main une bobine divertissante, une fois, mais trop longue pour que l'on puisse trouver plaisir à la revoir. Ceux qui ne peuvent pas blairer les productions indépendantes risquent de pinailler à chaque plans à cause d'une imperfection, mais un studio Australien ne fera jamais avec 150.000e ce qu'un studio Américain fait avec des dizaines de millions.
Mention spéciale évidemment pour Whitfield, qui sauve le film in extremis grâce à son talent. Il reste néanmoins regrettable qu'il n'ait joué que dans deux films (celui-ci, ainsi que le franchement mauvais The Clinic), car on aurait aimé le voir dans quelque chose de plus friqué et de plus profond, afin qu'il puisse réellement s'épanouir.