-Critique parue le 11 novembre 2015-


Malgré de nombreuses activités, la vie n'est pas si simple lorsqu'on est "différent". C'est le cas de Gabrielle atteinte du "syndrome de Williams" et qui tente de filer le parfait amour avec Martin. Tous deux habitent Montréal, travaillent et fréquentent le même centre de loisirs regroupant des personnes handicapées mentales où ils n'ont aucun mal à faire passer une joie communicative à leur entourage. Leur chorale: «Les Muses de Montréal» se prépare au grand soir: accompagner sur scène Robert Charlebois lors d'un grand concert en plein air.
Gabrielle et Martin, surveillés de près par leurs familles et les éducateurs, ont bien du mal à vivre leur libido. Leur grand désir: voler de leurs propres ailes, vivre leur indépendance dans une maison à eux et, bien sûr, avoir des enfants. La mère de Martin s'y oppose au grand désespoir des deux amoureux. Gabrielle vit chez sa sœur Sophie qui tente de la soutenir dans sa démarche en essayant de lui laisser le plus possible d'autonomie, non sans déboires. De son coté Sophie doit "construire sa vie" et partir en Inde...


Le "syndrome de Williams", maladie rare, provoque des troubles légers sur Gabrielle et Martin mais qui suffit à ouvrir le débat sur le thème de l'autonomie pour ces personnes. Il n'est pas facile de trouver des structures et un environnement aptes à garantir une certaine autonomie à ceux qui souffrent de ce mal. Gabrielle et Martin subissent en fait la double peine, celle de la maladie et celle d'être privés de pouvoir vivre un profond amour. Reste la joie de participer au concert de leur idole et les moments d'allégresse que provoque l'événement mais cela n'est que passager.


Louise Archambault nous entraîne, en réalisant une œuvre mêlant la fiction au documentaire, dans un monde que nous connaissons en fait assez mal. Finalement son film est efficace car nous ne sommes pas dans la caricature. Ces personnes aiment la vie, aiment rire, ils ont également des sentiments très forts. Seulement, il y a le revers de la médaille avec ce sentiment d'être incompris et dans l'impossibilité de vivre comme les autres.
Nous ne pouvons être plus près de la réalité car Gabrielle Marion-Rivard, qui est atteinte elle-même de ce syndrome a décidé de jouer ce personnage de Gabrielle. Son interprétation est absolument remarquable, elle nous embarque totalement dans son monde à elle avec toutes les facettes de cette maladie rare. Son partenaire, Alexandre Landry, n'est pas atteint par ce mal mais il pousse le talent à se montrer aussi vrai que nature ce qui est une belle performance. Nous avons le plaisir de passer un moment de choix avec Robert Charlebois qui offre un instant inoubliable aux "Muses de Montréal", une bien belle chorale talentueuse, attachante et enthousiaste.


C'est un très joli et émouvant moment de cinéma auquel Louise Archambault nous convie, un moment qui mérite d'être partagé par le plus grand nombre. De plus ce DVD comporte dans ses "suppléments" un documentaire magnifique: "Moi aussi, je m'appelle Gabrielle !". Ce court métrage contribue à mieux nous faire connaître l'actrice principale et à nous faire découvrir le tournage particulier du film. Il serait vraiment dommage de passer à côté.


"Gabrielle" a remporté de nombreuses récompenses, les jurys ne se sont pas trompés:



  • Festival du film francophone d'Angoulême 2013 : Valois Magelis pour Louise Archambault et
    Valois du meilleur acteur décerné à Alexandre Landry

  • Festival du film canadien de Dieppe 2013 : Prix du Public TV5 Monde

  • Prix Jean-Claude-Jean pour meilleur espoir cinéma décerné à Alexandre Landry

  • Festival international du film de Locarno 2013 : Prix du public pour Louise Archambault

  • Festival international du film francophone de Namur 2013 : Prix du public long métrage fiction de la ville de Namur

  • Festival du film de Gijón 2013 : Prix du meilleur acteur pour Alexandre Landry

  • Vancouver Film Critics Circle Awards 2014 : Meilleur acteur dans un second rôle dans un film canadien pour Alexandre Landry

  • Prix Écrans canadiens 2014 : Meilleur film et Meilleure actrice pour Gabrielle Marion-Rivard

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le 11 nov. 2015

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