Après "Tout est possible" en duo avec Kev Adams et le "Saturady Night Live" diffusé sur M6, Gad propose un tout nouveau spectacle sur Netflix. Un contrat apparemment signé pour quelques 100 millions de dollars, un bon pactole, et aussi un bon moyen pour la plateforme de grapiller pas mal d'abonnés français. "Gad part en live" est en réalité la traduction de "Oh my Gad", le tout ayant été adapté spécialement pour le public français.
Dans ce nouveau show tourné à Montréal au Canada, il est surtout question des Etats-Unis, lieu récemment choisi pour y exercer son travail d'humoriste, et ce afin de "se lancer un défi" comme il l'explique. Une envie, mais aussi une prise de risque, un nouveau public à conquérir. Durant la grande majorité du spectacle (d'une durée assez faible d'un peu moins d'une heure) il y expose son quotidien aux Etats-Unis, le rêve américain, la mentalité différente, en comparant ses expériences et situations avec celles vécues en France, et toujours un peu aussi, au Maroc, ses origines.
Verdict ? Il me paraît loin le temps où Gad me faisait vraiment rire. Sur moins d'une heure de show, j'ai dû rire... Aller, 2 fois maximum ? Et encore, je prends de la marge. Une fois sûre en tout cas, pour une histoire de sandwich, amenée par une certaine "Joanne" assise dans le public dans les premiers rangs. Celle-ci avoue travailler à la douane après que Gad lui ait posé la question, et ce dernier rebondit avec une mise en situation du "Sandwich qui passe à la douane" (le tout mêlé à l'accent québécois de la dame), qui fonctionne. De l'improvisation pure donc (si la fille n'était pas complice, et on part du principe qu'elle ne l'était pas), là dessus il faut le reconnaître monsieur Elmaleh est bon.
Pour tout le reste, je ne peux pas dire que je me suis réellement ennuyé, ce serait exagéré. Le spectacle se regarde malgré tout. Qu'on aime l'humoriste ou non, il a du talent, et sa façon de raconter fait qu'on a envie de l'écouter nous raconter ses histoires. Car oui, il ressort toujours une certaine forme d'humilité chez lui, comme si il nous faisait sentir qu'il savait pertinemment d'où il venait. Il est parti de pas grand chose, pour arriver très haut. Ses anecdotes sont bien choisies, et il sait les tourner de façon à ce qu'on comprenne bien son état d'esprit lorsqu'il en va par exemple à comparer un vendeur américain ultra serviable (semblant vouloir dédier toute son âme à renseigner son cher client français), à un vendeur français qui au contraire donnera l'impression de faire un effort surhumain pour aller vérifier si oui ou non il reste le vêtement recherché en stock.
Sa façon de raconter est toujours bonne, mais... Elle ne fait plus effet comme avant. On a perdu en mise en scène. Peut-être que c'est un peu moins bien écrit. Peut-être qu'il y croit moins lui-même. Peut-être qu'une fois arrivé en haut, il a eu ce qu'il voulait, il a goûté au magnifique gâteau au chocolat qu'il désirait tant en le voyant dans la vitrine, et qu'une fois mangé, une autre part serait uniquement de la gourmandise un peu forcée... Peut-être qu'il est parti aux Etats-Unis et qu'une partie de lui s'est échappée en cours de route.
Ce spectacle à la base destiné à un public américain je le rappelle a donc ici été réadapté pour le public français, et... Ca se sent. Il n'a pas été écrit pour nous, et malgré la traduction, la prépondérance des passages en anglais le prouve. Gad parle très souvent anglais, et pour peu que vous ne compreniez pas un mot de la langue de Shakespeare, c'est mort pour vous. Je ne peux m'empêcher de penser qu'il a fait une simple traduction du spectacle originel, avec de légères modifications, afin de pouvoir le proposer sur Netflix et ainsi toucher le gros lot. Force est de constater que les sujets et thèmes abordés ne parleront qu'à une poignée de français. Après, ça le regarde, et tant mieux pour lui au final. Beaucoup auraient fait la même chose devant une telle somme, soyons honnête. Là je repense aussi à une certaine pub pour une banque, dans laquelle il a été moqué.
Quelque-chose s'est perdu en chemin, la magie des années précédentes n'y est plus, celle qui me faisait dire que c'était l'un de nos meilleurs (si ce n'était LE meilleur ?) humoristes actuels. Pour certains, peut-être que ça l'est encore, pour d'autres non. A vrai dire, moi-même je ne sais pas vraiment. Car quand je compare avec ce qu'il nous reste, à côté des Kev Adams, ou même Jeff Panacloc vite lassant (je trouve), eh bien il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent. Donc d'un certain point de vue, oui, Gad reste l'un des meilleurs en France pour ma part, mais loin d'être au top de son art comme il pouvait l'être dans "L'autre c'est moi" en 2005 par exemple.
En résumé, un spectacle qui se laisse voir, mais ni tordant, ni mémorable. Aucune prise de risque, aucune volonté de nous surprendre. L'impression amère qu'il a fait le strict minimum, sans rien apporter de vraiment nouveau. J'ai eu le sentiment de l'entendre nous conter une énième histoire plutôt que nous proposer un vrai show ayant pour but 1er l'humour, dans lequel il enchaîne les bons gags. Je ne dirais pas que Gad est mort, mais il est en veille. Il se repose un peu sur ses acquis, et c'est bof bof.