Documentaire ou fiction ? Très honnêtement, après avoir passé 1h15 dans la petite ville macédonienne de Shutka, surnommée "la vallée heureuse", on ne saurait absolument pas le dire avec certitude. "Le Livre des records de Shutka", c'est un peu Borat chez Kusturica sans la fiction. Loin de tout, y compris de tout principe de normalité, voilà un lieu où chaque habitant est le champion (du monde ?) en une discipline bien particulière.
Champion derviche ; champion dématérialisateur (il vous désintègre et réintègre où vous souhaitez, par exemple aux États-Unis, et sans visa) ; champion de la pauvreté ; champion des mots ; champion du sexe ; champion des vols dans les cimetières ; champion des entraîneurs d'oies de combat (mais il y a un désaccord entre les deux prétendants au titre) ; champion en habits ; champion de percussions bizarres ; champion du chant ; champion de collection de cassettes audio ; champion de chant de Canari ; etc. La liste est encore très longue, puisque le film enchaîne les champions et leurs spécialités, tout simplement.
Un principe complètement barré, un ton complètement cinglé, mais l'ensemble est (parfois) amusant et intéressant d'un point de vue anthropologique. Si tant est qu'on puisse prouver qu'il s'agit là d'un documentaire sur les Roms et non d'une fiction : difficile d'écarter de manière définitive l'option "vaste blague" en dépit de cette page Wikipédia...
[AB #93]