Avec Galaxy Express 999 j'ai eu la sensation de replonger dans l'univers de la SF animée que j'affectionnais tant il y a quelques années, dans la lignée de Mamoru Oshii, Satoshi Kon, ou encore Katsuhiro Ôtomo. À ce titre, sans être un grand fan ni un grand connaisseur des mangas du type Albator aka Captain Harlock, cette découverte tardive de l'univers de Rintarô constitue une surprise qui s'accompagne d'une vraie joie — presque teintée d'émerveillement.
Les clichés du récit d'apprentissage mêlant science-fiction, animation et Japon ne sont pas totalement absents, et je suis à peu près sûr que c'est un film à découvrir plus tôt dans un parcours cinéphile. J'avoue ne pas avoir tout saisi des apparitions récurrentes de personnages d'Albator, qui surgissent de manière un peu aléatoire et vraisemblablement opportuniste. Il n'empêche que les aventures du jeune Tetsurō parviennent à conserver une bonne part de fascination dans tous les voyages qu'elles recèlent, de planète en planète dans un train-fusée qui occupe une fonction voisine du train qu'emprunte l'héroïne du Voyage de Chihiro.
L'univers est toutefois beaucoup plus mature, avec à l'origine de toutes les péripéties une quête de vengeance, après la mort de la mère du protagoniste, assassinée par des êtres mécaniques. C'est la rencontre avec Maetel, une femme lui rappelant étrangement sa mère, qui le mettra sur la piste du comte Mécanique à bord du Galaxy Express 999 éponyme. Un univers rempli de grands espaces interstellaires parcourus à bord de véhicules futuristes, avec en toile de fond la question vaguement existentielle qui taraude le héros adolescent : que choisir entre une vie de chair limitée dans le temps dans la peau d'un humain et une vie rendue potentiellement infinie dans la carapace mécanique et métallique d'un robot ?
Surprenant aussi de voir apparaître au rang des scénaristes le Kon Ichikawa de Feux dans la plaine et La Harpe de Birmanie, dont je n'avais jamais ressenti les velléités SF. Par-delà le passage à l'âge adulte et la classique fin de l'innocence, par-delà la quête de vengeance, on retrouve les questionnements presque habituels de ce registre sur l'aliénation que laisse entrevoir le monde des machines — il y a une scène marquante à bord du train où une femme-robot qui cherche à récupérer son corps humain travaille pour réunir les fonds nécessaires, tout en opposant la froideur de son matériau à la chaleur de Tetsurō. Une faune diversifiée de personnages secondaires vient compléter les oppositions un peu manichéennes portées par les protagonistes, et complète le portrait de l'humanité et de son fantasme d'immortalité.
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