Peter Weir a connu deux grands succès dans sa carrière de réalisateur: Le cercle des poètes disparus et The Truman Show. Pourtant, son nom et ses oeuvres restent assez inconnues aux yeux du grand public. Gallipoli gagerait par exemple à être plus connu.
Le début du film semble assez banal, perdu quelque part dans le désert australien, une scène assez anodine se déroule sous nos yeux. Un jeune homme, doué pour la course à pied, quelques paroles de motivation, gros plan sur un sifflet, le jeune homme se met à courir... Le film est lancé. Plus tard dans le film lors d'une compétition surgit deux éléments importants. La course, tout d'abord, pareil que le début excepté que le sifflet est remplacé par un pistolet. Gros plan sur ce dernier. Peu après la compétition qui vient de se produire, un autre événement arrive. Des soldats de la cavalerie australienne surgissent, à la fête et cherchent à enrôler des gens. Tout le paquet y est mit dont un énorme cheval de bois magnifique mais ressemblant étrangement à celui de Troie, d'une beauté rare de l'extérieur mais dont l'intérieur est un piège énorme auxquels beaucoup de personnes tombent. Weir fait bel et bien un film contre la guerre... Pour une oeuvre de ce genre, le début est assez agréable, sans trop de surprises dans l'histoire, mais fort heureusement, Weir peut compter sur un excellent duo de comédiens avec Mark Lee, pas assez connu et qui tient facilement tête à Mel Gibson, devenu une star avec Mad Max, mais qui prouve qu'il peut toucher à tous les genres avec ce film. Le réalisateur s'appuie également sur une composition musicale exceptionnelle agrémentée avec des musiques de Bach ou de Jean-Michel Jarre tout simplement magnifiques. Les deux scènes qui se ramènent à la course d'Archy prennent tout leur sens lorsque Lee et Gibson se retrouvent à Gallipoli pour combattre les Turcs (petite anecdote puisque lorsqu'ils s'entraînent en Egypte, on peut voir des soldats se moquer de l'Angleterre, peut-on dire que ça représente l'opinion de Weir?). Petit à petit, ils y découvrent les horreurs de la guerre et Weir fonctionne d'ailleurs souvent sur l'imaginaire des gens à ce niveau. Ainsi, aucune image d'une scène de bataille. Juste les bruits des mitrailleuses, coups de fusils et des personnes qui hurlent, on s'imagine très bien l'horreur qui en découle... Terriblement efficace! Mais c'est le dernier quart d'heure qui ressort le plus du lot. Magnifique bien qu'emplies d'émotions, les dernières scènes sont éblouissantes puisqu'il parvient à démontrer toute la bêtise de la guerre, tout en nous rendant ému par tant d'absurdité et de voir ces personnes mourir pour rien (d'ailleurs ça peut rappeler Les sentiers de la gloire). Scène finale: le sifflet, les coups de feu, la mort au bout... Voilà à quoi tient le film.
Bien qu'il paraisse au début anodin, le film parvient grâce à son final qui permet de faire le lien avec énormément de scènes passées bien auparavant. Weir mériterait d'être plus connu, Gallipoli aussi!